Simple tolérance ou richesse liturgique pour l’Eglise universelle ?
Notre communauté est heureuse de pouvoir bénéficier du Motu Proprio dans le cadre d’une paroisse, ce qui permet de vivre ce charisme dans une grande liberté avec une dimension missionnaire.
L’enjeu se situe précisément là : s’agit-il d’une simple tolérance pour aider des personnes crispées sur le passé ou est-ce une richesse liturgique pour l’Église universelle ?
Avec ce Motu Proprio, le pape souhaitait réconcilier l’Église avec elle-même. L’herméneutique de la rupture sur la question liturgique n’est plus possible, il ne peut y avoir deux conceptions de la liturgie, deux théologies de la Messe. Hélas bien des théologiens ou prêtres refusent l’enseignement du concile de Trente, de Vatican II et d’Ecclesia de Eucharistia sur la réalité sacrificielle de la messe et la présence réelle. Même si nous assistons à un renouveau de la piété eucharistique, la foi de beaucoup dans ce mystère s’est affaiblie. La célébration dans la forme extraordinaire peut contribuer à un renouveau de la foi eucharistique. Les fruits sont nombreux : les lieux de cultes avec la messe tridentine ont doublé en France en dix ans, de nombreux prêtres diocésains ou des communautés peuvent célébrer dans la forme extraordinaire.
Le Motu Proprio a permis de désenclaver la forme extraordinaire qui est une richesse offerte à toute l’Église. Il reste hélas des zones d’ombre. Pour beaucoup, attachés à la forme ordinaire, la perspective de célébrer face à Dieu comme l’encourage le cardinal Sarah ou le retour au silence et au grégorien paraissent inenvisageables. Pour d’autres, attachés à la forme extraordinaire, la possibilité d’une meilleure participation des fidèles, d’un enrichissement du lectionnaire ou des préfaces apparait comme une trahison des rubriques. « Les crispations et les peurs, comme le rappelait le cardinal Ratzinger pour les dix ans du Motu Proprio Ecclesia Dei, sont encore persistantes. » Mais l’histoire de l’Église montre que les tensions disparaissent avec le temps, la parole de vérité de l’Église ayant toujours le dernier mot.
Abbé Fabrice Loiseau