Benoit XVI

Départ 22h, retour 22h. La petite voiture qui emportait quatre prêtres de la SMMD est arrivée au petit matin à Rome pour l’enterrement de Benoit XVI. Juste le temps de prendre une douche pour se faire présentable. Le premier dilemme s’est posé quand il fallut choisir entre le café ou les premières places. On ne dira pas qui a gagné, mais il faut avouer pour certains que la caféine s’est cruellement fait sentir par son absence pendant l’homélie. On était bien au premier rang, pas très frais mais très fiers de rendre hommage à ce noble ancien qui enthousiasma nos premières années de séminaire. Comme pour tous les enterrements, le plus important, c’est d’être là. Il fallait être là pour laisser rouler une larme en voyant ce cercueil s’enfoncer dans l’immense basilique, mais il fallait aussi être là pour retrouver toute la génération Benoît XVI.

Dans le carré des prêtres, chacun y allait de son anecdote, d’un souvenir. L’intello commentait le discours de Ratisbonne, les artistes parlaient de la liturgie et du pianiste, les autres racontaient en boucle l’orage aux JMJ de Madrid. On entendait ça et là parler de « quaerere Deum » de la « dictature du relativisme » et de la messe traditionnelle.

Tous avaient été touchés par la petite voix fluette et la majestueuse mèche blanche qui faisaient trembler les murs de Jericho. C’était Benedictus Magnus !

Il faut dire que le trajet en voiture nous a permis de se mettre dans l’ambiance. La route était interminable mais trop courte pour exprimer la joie de tant de souvenirs. Après les chapelets de la miséricorde, on écoutait l’incroyable discours des Bernardins. Quelle joie de voir notre parterre de ministres, ces hommes « dits » de culture, bloqués sur une chaise comme à l’école, entendre une leçon magistrale sur l’histoire de l’art, dans les règles de l’art. Après c’était le sermon aux invalides. « On était là », sur l’esplanade ou d’autres au séminaire en train désespérément de capter dans leurs cellules avec un poste radio. Oui, on était là quand Benoît XVI nous disait: « N’ayez pas peur de donner votre vie au Christ ! Rien ne remplacera jamais le ministère des prêtres au cœur de l’Église ! Rien ne remplacera jamais une messe pour le Salut du monde ! » On était là pour se lever, en toute confiance pour suivre l’appel à sa suite. On était là ce matin dans la brume de saint Pierre, 15 ans après pour lui dire merci. Merci pour l’Eglise, merci pour notre sacerdoce. Merci pour nous avoir donné la joie de servir l’Eglise par notre sacerdoce.

Abbé Martial Pinoteau +

Publié dans , le 16 février 2023

PRÊTRES ET FRÈRES POUR ANNONCER LA MISÉRICORDE