Laissez-les servir Islam Evangélisation Armée

Le capitaine Nourouddine Abdoulhoussen, ancien militaire français formé chez les parachutistes des troupes de Marine, d’origine indienne et musulman, a créé il y a dix-sept ans l’association nationale Laissez-Les-Servir. Son but est de proposer aux jeunes, principalement en difficultés familiales, scolaires ou judiciaires, des camps afin de leur apprendre le don de soi, l’esprit de service, le respect de l’autorité et surtout, l’amour de la France.

Offrir une seconde chance

Avec un tel programme, le capitaine s’attendait aux contre-offensives. Mais, fort de ses convictions, son œuvre se développe et a permis à des dizaines de jeunes de s’en sortir, malgré le peu d’aides et de subventions dont il bénéficie. Au-delà des séjours, c’est un accompagnement sur le long terme qu’il propose aux familles. Pour cela, la méthode est simple et efficace : uniforme pour tous et garde à vous chaque matin pour le lever du drapeau. Les exclamations arabes du type « wesh » ou « cheh » sont sévèrement réprimés, à coup de dizaines de pompes si nécessaire. Il faut empêcher que ces jeunes désœuvrés passent leur vie « à traîner aux bas des escaliers » où ce sont la radicalisation et le trafic de drogue qui les attendent. Ces « contraintes émancipatrices et cette autonomie encadrée » permettent de donner le respect de l’ordre et des valeurs communes. Et cela fonctionne !

Le capitaine leur a fait confiance et cela change tout : « Si demain, nous partons au combat et que je tombe, je dois pouvoir compter sur vous pour me relever ! », leur répète-t-il souvent, avant de leur expliquer que « nos ancêtres, que vous veniez d’ici ou du Maghreb, se sont autrefois battus côte à côte pour la France. » Mais sous le béret de capitaine se dévoile petit à petit l’âme d’un père. Un soir, après en avoir vivement réprimandé un, dont il savait qu’il frappait sa mère, il lui tend son téléphone : « Maintenant, tu appelles ta mère et tu lui dis : Maman, je t’aime ».

Et les missionnaires dans tout cela ?

« Je veux faire aimer la France à ces jeunes. La France est catholique. Alors, il me faut des prêtres catholiques ». Et des prêtres catholiques qui célèbrent la messe en latin si possible, car c’est cela « qui a fait la France ». Arrivés sur place, au milieu de ces adolescents dont la plupart sont musulmans, la glace est rapidement brisée. « Si certains ici ont un problème avec le fait qu’il y ait des prêtres catholiques, sachez que j’ai aussi demandé à des imams… aucun n’est venu ! »

Faire découvrir le Christ

La première messe du camp commence et tout le monde doit s’y tenir droit et calme, peu importe les convictions religieuses. Le capitaine nous laisse ainsi une extraordinaire liberté d’initiative. Au milieu du séjour, nous emmenons les jeunes visiter la cathédrale de Chartres. Une liturgie célébrée dans la crypte est l’occasion d’un sermon sur l’Incarnation et la Maternité divine de la Sainte Vierge. Nous venions en effet de vénérer son voile, « le voile de Mariam » comme l’expliqua le capitaine aux jeunes musulmans, non sans émotion. Là encore, ça fonctionne !

Nous avons eu plein de beaux échanges avec ces jeunes et certains ayant été baptisés enfants, mais sans avoir grandi dans des familles pratiquantes, demandèrent à se confesser pour la première fois et à faire leur première Communion. Devant ce nouvel apostolat inattendu et de toute évidence fécond humainement et spirituellement, nous nous engageons à revenir.

Avec son habituelle complicité qui vous conduit rapidement à vous sentir comme un frère d’armes, le capitaine nous dévoile son réel objectif : « Ensemble, nous allons gagner la bataille des cœurs ».

Abbé Paul Triffault

Publié dans , , le 14 mars 2024

PRÊTRES ET FRÈRES POUR ANNONCER LA MISÉRICORDE