Nosto Fe - Provence

« Ciel, Ciel ! Ciel, Ciel ! Protège-nous, ce beau pays que nous aimons tant tous,
ce beau pays où poussent les cailloux. »

A u rythme des cantiques, la colonne s’ébranle, s’élance et s’étire. La montée du Gros Bessillon cède le pas aux majestueux vallons de Châteauvert pour ces nombreux pèlerins venus de toute la Provence. Égrené au rythme des Pater et des Ave, un magnifique chapelet de bannières sang et or s’achemine à l’ombre des chênes verts et des pins parasols pour supplier le Ciel de soutenir une foi débarquée sur les rives méridionales aux temps des Apôtres. Les coteaux de Provence ont été quadrillés par les saints que nous croisons fréquemment dans l’Évangile : saint Lazare à Marseille, sainte Marthe à Tarascon, saint Maximin (un des soizante-douze disciples), saint Sidoine (l’aveugle né), saint Rufus (fils de Simon de Cyrène) venu en Avignon, et les saintes Maries de la mer ; évidemment nous ne pouvons oublier sainte Marie-Madeleine en ermitage dans sa grotte. Notre foi nous vient de ces amis de Jésus. « J’ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas » (Lc 22, 32) disait le Seigneur Jésus à saint Pierre.

La foi. Tel était le thème de la première édition du pèlerinage provençal Nosto fe, qui fit vibrer les vitraux et les voûtes de la basilique royale Sainte-Marie-Madeleine au son de l’hymne : « Prouvènçau e catouli, Nosto fe (…) n’a pas fali / Provençaux et catholiques, notre foi n’a pas failli. » Ce fut une véritable joie pour les prêtres, frères et séminaristes de se mettre au service de cette foule de pèlerins. Voilà un lieu où les membres de la communauté trouvent leur raison d’être : parler du Bon Dieu durant deux jours, être un canal de la Grâce, transmettre la Miséricorde aux âmes. Les fiorettis spirituels de ce pèlerinage ne se comptent plus. À titre d’exemple, voici ce que nous a écrit une pèlerine : « Pluie de grâces de mon côté ! Mon frère est allé se confesser après de longues années d’attente et je suis hyper heureuse pour lui ! »

Dans une démarche missionnaire, le chapitre Sainte-Marthe précédait la colonne pour expliquer aux communes traversées l’étrange spectacle du ruban de fidèles déroulé sous leurs fenêtres. Le pèlerinage marchait ainsi vers le troisième tombeau de la chrétienté sous la protection de sainte Marie-Madeleine, mettant en valeur les traditions provençales propices au maintien d’une identité chrétienne, naguère chère au cœur de ceux que Mistral, Daudet ou Cézanne nous ont décrits comme coutumiers des dévotions populaires. Non, le Provençal ne semble pas pouvoir se résumer à l’instituteur laïcard croqué par Pagnol dans La Gloire de mon père. C’est pourquoi des tambourinaires ont accompagné à la veillée du samedi les pèlerins de tous âges et leurs ânes laissant une trace mémorable dans le cœur des deux mille participants au même titre que la grande procession costumée dans les rues de Saint-Maximin.

Selon le témoignage unanime des participants et des organisateurs, ce pèlerinage a connu un premier double succès spirituel et culturel.

Par l’abbé Henri Gilliot, diacre

Publié dans , le 20 novembre 2024

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