Le confinement du printemps 2020 fut douloureux à plus d’un titre, mais assurément à cause de la privation du culte pour les fidèles.
Nous pouvons nous réjouir de la réactivité des paroisses et des communautés qui ont multiplié les retransmissions des offices sur internet pour permettre aux fidèles de s’unir malgré tout. Et si nous pouvons louer l’inventivité des uns et des autres pour mettre en place des liturgies domestiques de substitution (l’Esprit Saint a soufflé de très belles choses), nous nous attristons de voir bon nombre de chrétiens – à la foi vacillante ou pas – être restés en marge et ne pas avoir repris le chemin de l’église lorsque le culte a pu reprendre, se satisfaisant de ces retransmissions télévisuelles.
Désir de l’Eucharistie
CETTE PRIVATION de l’Eucharistie et des sacrements en général a permis aux fidèles (sans doute les plus convaincus) de raviver leur désir de l’Eucharistie, de Jésus présent d’une présence réelle substantielle que l’écran d’ordinateur est incapable de donner puisque précisément l’écran fait écran !
Le Magistère nous enseigne que l’Eucharistie est la source et le sommet de la vie chrétienne. Il ne saurait donc être question de s’en priver par notre faute. Le Seigneur Jésus lui-même nous commande de le recevoir « prenez, mangez, ceci est mon corps » (Mt 26,26).
Le discours sur le Pain de Vie est très éclairant quant à cette nécessité de recevoir l’Eucharistie.
Après avoir multiplié les pains pour la foule, Jésus s’enfuit car la foule veut le faire roi. C’est alors que Jésus va donner à ses disciples ce discours sur le Pain de Vie qu’il est fort utile de relire pour raviver notre désir et notre piété eucharistique (Jn 6, 22-71)
Vie éternelle
« Travaillez à acquérir non la nourriture qui périt mais la nourriture qui demeure pour la vie éternelle, celle que le Fils de l’Homme vous donne » (v27) ; « le Pain de Dieu, c’est celui qui descend du Ciel et donne la Vie au monde » (v33). « Moi, je suis le Pain de Vie » (v35). Ces premières affirmations de Jésus suscitent le murmure parmi les juifs qui le suivaient (v41).
Mais Jésus insiste : « moi, je suis le Pain vivant descendu du Ciel, si quelqu’un mange de ce pain, il vivra à jamais, et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde. » Ce qui a pour effet de provoquer une réaction plus forte chez ses auditeurs (v52). « Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Et cependant, Jésus ne s’arrête pas là puisqu’il affirme « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi je le ressusciterai au dernier jour » (v54). Cette dernière affirmation paraissait tellement incompréhensible pour les auditeurs de Jésus que beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent d’aller avec lui ! (v66). Jésus ne les a pas retenus, Il n’a pas cherché à atténuer la portée de son discours pour les faire revenir. L’Eucharistie est un sujet clivant. Pour être disciple de Jésus-Christ, il faut accepter cela : qu’Il est le Pain descendu du Ciel, que ce pain est sa propre chair, et qu’il faut manger sa chair sous peine d’être privé du Salut Éternel !
Précepte divin
Oui, l’Eucharistie est le gage de notre salut, de notre résurrection future. Et nous voudrions nous en passer ? L’assistance à la messe dominicale et la communion pascale ne sont pas seulement des commandements de Dieu et de l’Église, ce sont d’abord des nécessités vitales pour nous. Dieu est Dieu, Il est parfait, Il ne lui manque rien. Que nous communiions ou pas ne change rien pour lui. Mais cela change quelque chose de fondamental pour nous !
La communion est un précepte divin qu’il faut aussi recevoir avec tout le respect qui lui est dû. Saint Paul reprend sévèrement les Corinthiens face à leur inconduite et leur légèreté dans la réception de l’Eucharistie. « Celui qui aura mangé le pain ou bu la coupe du Seigneur d’une manière indigne devra répondre du corps et du sang du Seigneur. On doit donc s’examiner soi-même avant de manger de ce pain et de boire à cette coupe. Celui qui mange et qui boit, boit son propre jugement s’il ne discerne pas le corps du Seigneur. » (1 Co 11, 27-29). C’est la raison pour laquelle le deuxième précepte de l’Église est de confesser ses péchés au moins une fois l’an, pour pouvoir communier au moins à Pâques, ce qui est le troisième précepte de l’Église. Au moins !
Le grand docteur saint François de Sales disait qu’il y a deux catégories de personnes qui doivent communier souvent : les parfaits, pour qu’ils le demeurent, et les pécheurs, pour qu’ils deviennent parfaits. Confessons-nous donc souvent pour communier souvent, c’est le gage de la Vie Éternelle.