Parmi les trois vertus théologales, notre époque demande d’affermir particulièrement l’espérance. Si on connait bien le désespoir comme péché contre l’espérance, on connaît moins la présomption, que nous rappelle le Catéchisme de l’Église Catholique : « Il y deux sortes de présomption. Ou bien l’homme présume de ses capacités, espérant pouvoir se sauver sans l’aide d’en Haut, ou bien il présume de la toute-puissance ou de la miséricorde divine, espérant obtenir son pardon sans conversion et la gloire sans mérite ».
Ce deuxième type de présomption est la tentation d’une vie chrétienne qui néglige l’œuvre de notre coopération pour mériter la vie éternelle. La véritable espérance ne nous fait donc pas seulement attendre le ciel avec certitude, mais nous fait désirer mériter la récompense par nos actes. Si la miséricorde est gratuite, elle demande de notre part un accueil libre. Et cet accueil passe par la croix. Le Christ ne nous a pas trompés sur ce point : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive » (Mt 16, 24).
Pour celui qui veut vraiment être fidèle au Christ dans la période que nous vivons, la croix est présente. Croix venant de l’extérieur de l’Église, mais aussi de l’intérieur. Ce mystère de la croix, les séminaristes de notre communauté qui attendent, avec patience mais grande souffrance l’ordination sacerdotale, l’expérimentent. Ils vivent ce temps d’incertitude avec espérance et abnégation, en s’unissant avant même leur ordination au Christ-Prêtre, ayant souffert sur la croix pour le salut de tous. Ils savent que leur ministère de prêtre ne sera fécond que par la croix.
L’espérance à laquelle nous sommes appelés est celle qui attend tout de la grâce de Dieu mais qui collabore par la croix au salut du monde et qui met en pratique le poème de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Vivre d’Amour, ce n’est pas sur la terre fixer sa tente au sommet du Thabor. Avec Jésus, c’est gravir le Calvaire, c’est regarder la croix comme un trésor ! »
Abbé Jean-Raphaël Dubrule