cenacle

Ce n’est pas un hasard si le Seigneur Jésus a demandé à sainte Faustine que la fête de la miséricorde soit célébrée dans le temps pascal. C’est entre Pâques et la Pentecôte, à la lumière du Christ ressuscité, que la miséricorde divine se donne à connaître en plénitude.

Comment se laisser atteindre et renouveler par la miséricorde de Dieu ? Pour cela, profitons de ces cinquante jours de temps pascal pour suivre l’exemple des apôtres.

Toucher le Christ ressuscité
C’est au Cénacle que nous pouvons naître à la miséricorde, aux côtés de Thomas. Lui qui refusait de croire à la résurrection tant qu’il n’aurait pas mis ses mains dans les plaies de Jésus. Et voilà que le Seigneur lui apparaît, le prend au mot : « avance ta main, et mets-la dans mon côté ! »

Thomas a-t-il porté la main aux blessures de Celui qu’il appelle « mon Seigneur et mon Dieu » ? L’évangéliste ne le dit pas. Mais au Cénacle, c’est surtout le Christ qui vient toucher la blessure béante de Thomas, cette plaie qui l’empêche de croire.

N’avons-nous pas nous aussi une blessure qui nous empêche de croire pleinement à la miséricorde de Dieu, qui tend à la limiter, à la freiner, à en douter ?

C’est cette blessure que le Seigneur vient toucher pour la guérir, comme il l’a dit à sainte Faustine :

« Dévoile-Moi toutes les blessures de ton cœur. Je les guérirai, et ta souffrance deviendra la source de ta sanctification. »

Le Seigneur nous appelle à faire l’expérience de la miséricorde en nous laissant guérir par celui qui s’est laissé blesser d’amour pour nous. C’est dans l’intimité du Cénacle, dans ce silence de la prière que nous apprenons à nous laisser sauver. C’est ainsi que saint Thomas a réellement touché le cœur de Dieu.

Amour plus fort que la mort, plus fort que le péché
Dans ce moment où le Christ ressuscité montre ses plaies, nous découvrons que la résurrection n’est pas le contraire de la Passion, c’en est l’aboutissement. Nous découvrons que l’amour de Dieu pour les hommes est plus fort que la mort. Comme le disait saint Paul : « Ni la mort ni la vie […], rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. »

Rien ne nous séparera de l’amour du Christ ? Pas même le péché ? Telle est bien la radicalité de la miséricorde de Dieu, qui est, comme disait Jean-Paul II, plus forte que la mort, et plus forte que le péché : « Le même Christ, fils de Dieu […], se révèle lui-même comme source inépuisable de la miséricorde, de l’amour qui, dans la perspective ultérieure de l’histoire du salut dans l’Église, doit continuellement se montrer plus fort que le péché. »

Oui, la miséricorde divine est plus forte que notre péché, tant que nous nous laissons sauver par Dieu. Le véritable obstacle à notre union à Dieu, c’est notre refus de nous laisser sauver. Le saint, c’est le pécheur qui se laisse sauver.

Devenir témoins de la miséricorde
C’est dans la prière que nous laissons le Seigneur diffuser sa miséricorde en nous. Mais n’oublions pas que le terme de toute prière, c’est l’action ! Tous les saints ont toujours été des âmes d’action, à commencer par les apôtres qui sont sortis du Cénacle le jour de la Pentecôte pour devenir les témoins de l’amour de Dieu pour les hommes.

Plus nous nous laissons transformer par la miséricorde, plus nous deviendrons à notre tour ces témoins vivants que le Christ attend, ces témoins qui n’annoncent pas une théorie ou une notion abstraite, mais qui rendent compte de leur rencontre avec le Ressuscité, de leur expérience de l’amour infini de Dieu pour eux.

Et quelle urgence que d’annoncer la miséricorde à un monde qui se morfond et qui désespère, dans un pays où la foi est bien en peine ! De fait, bien des défis se présentent à nous face à cette baisse vertigineuse du nombre de vocations, de baptêmes et autres. Mais ce n’est pas à partir d’outils démographiques que nous mesurons la vitalité de l’Église, c’est à partir de son élan missionnaire : « Dans l’histoire de l’Église, en effet, le dynamisme missionnaire a toujours été un signe de vitalité, de même que son affaiblissement est le signe d’une crise de la foi. »

Telle est la réalité de notre foi qui ne vit qu’à la mesure où nous en témoignons, où nous la donnons, où nous nous donnons nous-mêmes à la suite de Celui qui s’est donné le premier.

Abbé Mathieu Grenier

1 Évangile selon saint Jean 20, 27.
2 Petit Journal de sainte Faustine, n° 1487.
3 Lettre de saint Paul aux Romains 8,38-39.
4 Saint Jean Paul II, Encyclique Dives in Misericordia, n° 8.
5 Saint Jean-Paul II, Encyclique Redemptoris Missio, n° 2.

Publié dans , le 8 juillet 2022

PRÊTRES ET FRÈRES POUR ANNONCER LA MISÉRICORDE