« Dieu, qui purifiez chaque année votre Église par l’observation du carême, faites que votre famille poursuive par ses bonnes œuvres le bien qu’elle s’efforce d’obtenir au moyen de l’abstinence », dit l’oraison du premier dimanche de Carême. Cela souligne notre besoin permanent de purification. Il ne s’agit pas simplement d’une conversion personnelle, mais communautaire, car c’est toute l’Église qui doit être purifiée. Le concile Vatican II dit en ce sens :« Tandis que le Christ saint, innocent, sans tache n’a pas connu le péché, venant seulement expier les péchés du peuple, l’Église, elle, qui enferme des pécheurs dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement» (Constitution dogmatique Lumen Gentium, n. 8 § 3). L’Église a sans cesse besoin de se réformer, et l’esprit de pénitence que le carême demande sert à cela.
Les difficultés internes à l’Église, les souffrances causées par les membres mêmes de l’Église sont sans doute les plus douloureuses. Les évènements que nous subissons à l’occasion du Motu Proprio Traditionis Custodes peuvent devenir occasion de faire pénitence pour l’Église si nous savons les vivre dans l’esprit que demande le carême. Sans qu’il soit demandé de nous taire ou de tout accepter sans discussion, il est possible et même nécessaire d’offrir ces sacrifices par amour pour l’Église et en esprit de pénitence, pour le renouvellement de la vie du Corps mystique du Christ.
Si les pénitences choisies sont nécessaires pendant le carême, l’acceptation humble et amoureuse des épreuves que la Providence permet est toujours d’un prix supérieur, car elles utilisent le mal au service du bien. «Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien» (Rm 12, 21) : alors que le démon pousse à l’aigreur et au découragement devant la vie de l’Église, saint Paul exhorte à transformer, par notre offrande intérieure, le mal subi en pénitence pour l’Église. Si tous les catholiques agissent ainsi pendant le carême, Dieu se laissera certainement toucher pour purifier son Église.
Abbé Jean-Raphaël Dubrule
Supérieur de la communauté
