Depuis toujours, le sacerdoce catholique a été un signe de contradiction au milieu du monde. Voilà pourquoi il est régulièrement attaqué. Les deux principaux axes sur lesquels reposent ces assauts sont le célibat et la question de l’ordination des femmes. Voyons ce qu’en dit l’enseignement de l’Église.
Le célibat sacerdotal demeure un mystère incompréhensible pour le monde. Et les différents débats faisant suite au synode allemand et au synode sur la synodalité ont eu le mérite d’interroger les catholiques sur les fondements du célibat sacerdotal. D’autant que le magistère en a beaucoup parlé depuis plus d’un siècle. Petit tour d’horizon.
En 1935, Pie XI publie Ad Catholici Sacerdotti, une réflexion sur le lien essentiel entre sainteté sacerdotale et chasteté. Vient ensuite Sacra Virginitatis, en 1954, de Pie XII pour défendre le célibat sacerdotal et la virginité consacrée qu’il estime menacés.
Lors du concile Vatican II, saint Paul VI tranche la question en annonçant une encyclique sur le célibat sacerdotal et entre-temps le décret conciliaire promulgué le 5 décembre 1965, Presbyterorum Ordinis, sur le ministère et la vie sacerdotale affirme que la législation de l’Église sur le célibat est approuvée et la confirme à nouveau en ce qui concerne les candidats au presbytérat : « le Saint Concile invite donc non seulement les prêtres, mais tous les fidèles à avoir à cœur ce don précieux du célibat sacerdotal et à demander à Dieu de l’accorder toujours avec abondance à son Église. » (n°16) Le concile par ailleurs affirme « le lien étroit entre célibat et Royaume de Dieu voyant dans le premier un signe qui annonce de façon radieuse le second, une vie nouvelle au service de laquelle le ministre de l’Église est consacré. »
Un célibat à l’image du Christ
Le 24 juin 1967, saint Paul VI publie l’encyclique Sacerdotalis caelibatus qui défend avec force le célibat sacerdotal. Il répond aux différentes objections afin de mettre l’accent sur les fondements christologiques du célibat consacré. Avec son autorité pontificale, il affirme : « Nous estimons donc que la loi du célibat, actuellement en vigueur, doit encore de nos jours être fermement reliée au ministère ecclésiastique. Elle doit soutenir le ministre de l’Église dans son choix exclusif définitif et total de l’amour unique et souverain du Christ, du dévouement au culte de Dieu et au service de l’Église et elle doit qualifier son état de vie aussi bien dans la communauté des fidèles que dans la société profane. » (n°14)
Le nouveau Code de droit canon affirme avec force que les clercs sont tenus par l’obligation de garder la continence parfaite et perpétuelle à cause du Royaume des Cieux et sont donc astreints au célibat. Don particulier de Dieu par lequel les ministres sacrés peuvent s’unir plus facilement au Christ avec un cœur sans partage et s’adonner plus librement au service de Dieu et des hommes (Can 277). Dans l’Exhortation apostolique Pastores Dabo vobis de saint Jean-Paul II, le célibat est présenté comme une exigence de radicalisme évangélique qui favorise de façon particulière le style de vie du prêtre qui est configuré à Jésus Christ tête et pasteur de l’Église. (n° 44)
Le catéchisme de l’Église catholique, en 1992, répète la même doctrine : « Tous les ministres ordonnés de l’Église latine à l’exception des diacres permanents sont non seulement choisis parmi les hommes croyants qui vivent en célibataires et qui ont la volonté de garder le célibat en vue du royaume des cieux » (n° 1579). En 2007 dans son exhortation apostolique Sacramentum Caritatis, Benoît XVI réaffirme le caractère obligatoire du célibat sacerdotal : « Il n’est donc pas suffisant de comprendre le célibat sacerdotal en termes purement fonctionnels, en réalité, il est une formation particulière au style de vie du Christ lui-même. […] Je redis la beauté et l’importance d’une vie sacerdotale vécue dans le célibat comme signe exprimant le don de soi total et exclusif au Christ, à l’Église, au règne de Dieu et j’en confirme donc le caractère obligatoire pour la tradition latine. » (n° 24)
Le pape François le 28 juillet janvier 2019 a clairement remis en cause l’ordination d’hommes mariés : « personnellement, je pense que le célibat est un don pour l’Église. Je ne suis pas d’accord pour permettre que le célibat soit optionnel. Ma décision, c’est que le célibat optionnel avant le diaconat ne soit pas possible. Je ne le ferais pas, cela reste clair… Je peux sembler fermé là-dessus, mais je ne me sens pas de paraître devant Dieu avec cette décision. »
L’ordination des femmes
Cette interrogation est revenue souvent durant le synode, il semble qu’il y ait eu une méconnaissance du magistère et de la Tradition de l’Église. Il ne s’agit pas d’une question disciplinaire qui pourrait évoluer au cours de l’histoire, mais bien de l’essence du sacerdoce. L’Église a engagé son infaillibilité sur cette question puisque toutes les conditions du magistère ordinaire et universel définies à Vatican I sont réunies dans cet enseignement pontifical. La déclaration Inter Signores du 15 octobre 1976 de la Congrégation pour le Clergé et la lettre Ordinatio Sacerdotalis de 1994 de saint Jean Paul II ne laissent aucun doute sur la question : « Afin qu’il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la Constitution Divine elle-même de l’Église, je déclare en vertu de ma mission de confirmer mes frères (Lc 22,32) que l’Église n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église. »
Une question définitivement réglée
Pour ceux qui soutenaient que cette déclaration du pape n’était que disciplinaire et prudentielle face aux conjectures, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a souhaité préciser, le 18 novembre 1995, que « cet enseignement revêtait tous les caractères d’un enseignement infaillible de foi irréformable conformément à l’enseignement du Concile Vatican I concernant l’infaillibilité. La doctrine qui prévoit que l’Église n’a pas la faculté de conférer l’ordination sacerdotale aux femmes doit être considérée comme appartenant au dépôt de la foi. Elle exige un assentiment définitif parce qu’elle est fondée sur la Parole de Dieu constamment conservée et appliquée dans la Tradition. »
Benoît XVI a aussi insisté sur cet enseignement, rappelant dans la messe chrismale du 5 avril 2012 que saint Jean-Paul II a déclaré de manière irrévocable : « l’Église quant à l’ordination des femmes n’a eu aucune autorisation de la part du Seigneur. » Dans son Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le pape François explique que « le sacerdoce est réservé aux hommes comme signe du Christ-époux qui se livre dans l’Eucharistie et cela ne se met pas en discussion. »
Le 1er novembre 2016, le pape François affirme à propos de l’ordination des femmes dans l’Église Catholique « que la dernière parole claire a été donnée par saint Jean Paul II et cela demeure. » La question a donc été traitée de manière définitive par le magistère de l’Église, il ne faudrait pas faire croire aux fidèles, aux consacrés et aux prêtres que cela fait objet de possibles révisions.