Si les raisons de l’évolution d’une société qui devient de plus en plus libérale et sécularisée sont nombreuses, les catholiques ont leur part de responsabilité dans cet échec. En premier lieu il s’agit d’une certaine conception du rapport au monde. Une mauvaise compréhension du Concile a trop souvent vu l’évolution de la société comme un signe prophétique des temps. Clercs et laïcs ont eu peur de s’opposer au monde en risquant d’apparaitre comme d’affreux réactionnaires incapables de compatir aux souffrances de nos contemporains. Les hommes d’Eglise, souvent complexés, ne voulaient plus d’une culture d’opposition au monde moderne, préféraient mettre l’accent sur d’autres questions sociales et avaient peur d’être marginalisés. La défense de la vérité qui doit être vécue jusque au martyr n’était plus dans la culture occidentale ecclésiale des années 70, elle ne l’est toujours pas.
L’autre raison est la pauvreté de l’enseignement philosophique et anthropologique de ces dernières années. L’enseignement de S. Jean Paul II n’a pas été reçu et n’a jamais fait l’objet d’une mobilisation générale de l’Eglise en Occident. La culture de vie gênait dans les séminaires et n’était que rarement répercutée dans la catéchèse auprès de jeunes et des mouvements ecclésiaux. La défense de l’ordre naturel surélevé par la grâce ne pouvait plus être comprise. Et pourtant S. Jean Paul II rappelait bien dans Evangelium Vitae que toute évangélisation doit être concomitante avec l’annonce de la culture de vie. Evangelium vitae, Humanae vitae Donum vitae ou la théologie du corps n’apparaissaient pas comme une priorité dans l’enseignement chrétien.
Enfin un certain cléricalisme a empêché les instances ecclésiales de coopérer avec des laïcs du monde médical pour défendre la vie dans les différents secteurs de la société. Il suffit de voir comment le professeur Lejeune était traité par certains clercs pour comprendre à quel point l’idéologie et le cléricalisme peuvent parfois s’allier. Pourtant si l’on veut soutenir le Pape François à travers ses déclarations telles que « les avorteurs sont des tueurs à gage », il faudra bien revenir à l’intégralité de l’enseignement de S. Jean Paul II ou alors nous continuerons de sombrer dans le chaos de la culture de mort.
Abbé Fabrice Loiseau