Le péché des membres de l’Église ne doit pas faire perdre la foi dans la sainteté de l’Église, affirmée dans le Credo. Et les péchés de certains prêtres ne doivent pas faire oublier la beauté du sacerdoce.
Si le rapport de la CIASE a été l’occasion de mettre en lumière le drame vécu par de nombreuses victimes de prêtres déviants, il est hélas aussi l’occasion d’une remise en cause de la valeur même du sacerdoce : il serait question de « purifier » le ministère presbytéral du pouvoir qui y est lié et de faire du prêtre une personne comme les autres, dont l’autorité serait déléguée par la communauté chrétienne et qui pourrait être marié, voire être une femme.
C’est méconnaître le plan de Dieu et surtout la nature du sacerdoce. Car le Catéchisme de l’Église Catholique dit bien que le prêtre reçoit, par son ordination sacramentelle, « un don du Saint-Esprit permettant d’exercer un pouvoir sacré ». Et il précise : « L’ordination est aussi appelée “consécration”, car elle est une mise à part et une investiture par le Christ lui-même » (CEC 1538). Il ne s’agit pas d’un pouvoir qui place le prêtre au-dessus des autres fidèles, mais à leur service, pour leur sainteté. Le prêtre reçoit un don spécial qui lui permet de sanctifier en donnant les sacrements, d’enseigner avec autorité la Parole de Dieu et de gouverner le peuple de Dieu qui lui est confié. Ce pouvoir vient du Christ lui-même et n’est pas soumis à discussion, car il est d’institution divine. C’est un don qui dépasse celui qui le reçoit.
Ce pouvoir est cependant exercé par des hommes faibles et pécheurs et c’est pourquoi saint Jean-Paul II écrivait que la vie spirituelle des prêtres doit être « exempte de toute présomption et de tout désir “de faire le seigneur” sur le troupeau qui leur est confié » (Pastores dabo vobis, n. 21). Là serait le véritable cléricalisme, à savoir l’utilisation de ce pouvoir sacré pour se croire plus puissant que les autres. Mais croire dans l’excellence du don que Dieu fait à un homme en l’appelant à être prêtre pour servir son peuple, ce n’est pas du cléricalisme, c’est une Action de grâce devant le projet divin pour continuer son oeuvre de salut.
Abbé Jean-Raphaël Dubrule
Supérieur de la communauté