Frère Guillaume est depuis plusieurs années aumônier des Écoles d’application de l’Infanterie et de l’Artillerie de Draguignan ainsi que des unités de la garnison de Canjuers. Il revient sur son apostolat aux côtés des soldats de l’armée de Terre.
Servir la force d’âme. C’est la devise choisie il y a quelques mois par le diocèse aux armées françaises, l’aumônerie militaire catholique. C’est aussi la mission qui m’a été confiée il y a plus de trois ans au sein de la garnison Draguignan-Canjuers.
Aumônier
Dès mes premiers pas, j’ai pris conscience de m’inscrire dans une histoire qui me dépassait largement : celle de ces aumôniers ayant marché depuis des siècles auprès des soldats, ces hommes (et femmes de plus en plus) au métier si singulier, afin de leur apporter quelques soutiens spirituels ou moraux, ayant partagé quelque chose de leur fardeau, de leurs peines et de leurs joies. Des aumôniers les ayant accompagnés jusqu’aux portes de la mort, l’ayant parfois traversée à leur côté, n’ayant pour seule arme que leur foi, leur espérance et leur charité. Je l’ai compris à l’accueil qui m’était réservé, souvent souriant, empreint de respect et systématiquement accompagné d’une anecdote liée à un Padre ayant marqué les esprits.
Je l’avais également pressenti avant même le début de ma mission ayant eu la joie et l’honneur de visiter et de m’entretenir avec un aumônier en retraite au passé prestigieux, non pas de gloire éphémère mais d’abnégation et d’humilité. J’ai gardé de cette rencontre quelques conseils précieux.
Mission
Cette mission, telle qu’elle est définie par l’armée, se décline en trois volets :
1. Soutien spirituel
Il prend deux aspects :
Celui purement sacramentel qui est assez évident puisque les gens viennent à nous avec une demande précise qu’il est facile de prendre en compte. En tant que frère, j’ai la chance de pouvoir compter sur le dévouement de prêtres diocésains à proximité.
En revanche, celui de l’accompagnement des âmes qui sont en recherche de Dieu nécessite un certain tact pour trouver la réponse adaptée à la personne et à son attente qui n’est pas toujours formulée.
Pour aiguiller chacun en fonction de son cheminement, je bénéficie de l’offre des paroisses environnantes.
2. Soutien moral et humain
Les aumôniers jouissent d’une réelle bienveillance auprès des militaires, et leur simple présence peut être de manière même insignifiante un soutien précieux.
Un des témoignages marquants est celui d’un jeune engagé rencontré lors d’une marche de nuit et recroisé quelques mois plus tard : « Quand on voit le Padre, ça nous donne le sourire ».
Aller à la rencontre d’inconnus, seuls ou en groupe n’est pas chose aisée. Franchir la porte d’un bureau ou d’une unité, s’inviter sur le terrain, accepter d’être simplement présent, en silence, parce qu’il faut savoir se taire, demande une certaine audace et aussi un abandon à la providence. Ce n’est qu’en dépassant une forme de timidité que l’on peut patiemment gagner la confiance de beaucoup qui longtemps nous observent et dans un moment inattendu s’épanchent de leurs soucis et de leurs doutes et sollicitent un soutien.
J’ai sur ce point précis la joie d’être entouré d’une équipe de laïcs (militaires et leurs épouses) utilisant leurs ta-lents pour m’aider dans cette tâche.
3. Conseil au commandement
Cet aspect n’est pas d’emblée évident car on imagine qu’avant de pouvoir conseiller une personne souvent plus âgée, plus aguerrie, qui connaît son métier et ses soldats, il faut un peu de recul. Il faut aussi éviter le piège de rester collé aux autorités auprès de qui l’accueil est souvent plus facile. Le temps, la prière et l’expérience aident à tenir cette fonction en tâchant de rester humble dans les prises de parole et simple dans la relation aux différents chefs. Là encore, il faut gagner leur confiance et leur montrer qu’ils peuvent compter sur notre con-naissance des âmes, de l’état du moral des troupes ou nous demander conseil sur tel cas difficile à gérer.
Découvrir ainsi l’humilité de certains de ces chefs, qui ont de plus ou moins grandes responsabilités, est assez édifiant.
Miséricorde et charité
« Servir la force d’arme », c’est assurément faire œuvre de miséricorde spirituelle*.
Quant aux œuvres de miséricorde corporelle*, c’est l’armée elle-même qui les assure, mais les aumôniers peu-vent les incarner par leur charité.
Frère Guillaume
*« Conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, par-donner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts ».
*« Donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts ».
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