synode

Le synode sur la synodalité a donné lieu à des propositions foisonnantes et hétéroclites. Cela vient sans doute de l’absence de sujet précis à la réflexion synodale. Mais la présence de propositions hétérodoxes, comme l’ordination presbytérale pour les femmes, vient de l’oubli qu’un synode est avant tout un acte vécu dans la Foi de l’Église et destiné à l’approfondir sans s’en éloigner. Un approfondissement du rapport entre la foi, le sensus fidei et le Magistère semble donc important.

La foi, accueil de la Révélation divine

«La foi est d’abord une adhésion personnelle de l’homme à Dieu; elle est en même temps, et inséparablement, l’assentiment libre à toute la vérité que Dieu a révélée», enseigne le Catéchisme de l’Église Catholique (N. 150). L’acte de foi est donc un acte d’humilité, de réception de ce que Dieu nous enseigne pour notre salut. La foi de l’homme est précédée par la vérité objective qui est Dieu. Cette vérité reste plus large que ce que nous en saisissons et comprenons. Voilà pourquoi l’Église cherche non pas à énoncer des vérités nouvelles, mais à exprimer la vérité révélée de manière plus précise.

La perception de la vérité révélée

Cette perception de la vérité révélée est donnée à l’Église dans son ensemble. Ainsi, nous dit le Catéchisme, «tous les fidèles ont part à la compréhension et à la transmission de la vérité révélée. Ils ont reçu l’onction de l’Esprit Saint qui les instruit et les conduit vers la vérité tout entière» (N. 91). Par leur baptême, les fidèles sont soutenus par l’Esprit Saint pour percevoir de manière juste ce qui appartient au dépôt de la foi ou ce qui lui est contraire, par le sens surnaturel de la foi (sensus fidei). «L’ensemble des fidèles … ne peut se tromper dans la foi et manifeste cette qualité par le moyen du sens surnaturel de la foi qui est celui du peuple tout entier, lorsque, ‘des éques jusqu’au dernier des fidèles laïcs’, il apporte aux vérités concernant la foi et les mœurs un consentement universel» (Constitution Lumen Gentium, N. 12). Il ne s’agit en au cas de l’affirmation d’une infaillibilité propre à tout chrétien. C’est bien l’ensemble des fidèles qui possède ce sensus fidei.

Les conditions du sensus fidei

La commission théologique internationale a publié un document sur ce thème. Ce texte précise les critères de discernement «requis dans des situations de tension où il est nécessaire de distinguer le sensus fidei authentique de simples expressions de lopinion populaire, dintéts particuliers ou de lesprit du temps» (N. 87). Il relève, comme conditions de la part du baptisé pour posséder le sensus fidei, la participation à la vie de l’Église, l’écoute de la Parole de Dieu, l’ouverture à la raison, l’adhésion au Magistère, la sainteté – notamment par l’humilité, la liberté et la joie – et enfin la recherche de l’édification de l’Église.

Nous pouvons noter qu’il faut la participation à la vie d’Église, donc une vie de prière et une vie sacramentelle régulière et fervente. Mais il faut surtout souligner la nécessaire adhésion au Magistère, ce qu’il convient de développer.

Le rôle du Magistère

Si c’est l’Église tout entière qui croit à ce que Dieu a révélé, «la charge d’interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul magistère vivant de l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus-Christ » (DV 10), c’est-à-dire aux éques en communion avec le successeur de Pierre, l’éque de Rome», rappelle le Catéchisme (N. 85). En certains cas, le Magistère est doté du privilège de l’infaillibilité qui donne la certitude qu’une doctrine est à tenir définitivement. C’est le cas par exemple de l’impossibilité d’ordonner prêtre des femmes, déclarée de manière définitive par saint Jean-Paul II dans sa lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis : «Afin qu’il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la constitution divine elle-même de l’Église, je déclare, en vertu de ma mission de confirmer mes frères, que l’Église n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église» (N. 4). Il apparaît donc nécessaire de rappeler, avec délicatesse mais aussi force, que cette proposition ne peut prétendre être dans l’esprit synodal.

La démarche synodale, comme moyen d’écouter le sensus fidei, est une œuvre qui peut porter de grands et beaux fruits. Mais elle demande à être vécue selon les critères d’une démarche de foi, dans les conditions d’un véritable sensus fidei.

Abbé Jean-Raphaël Dubrule +

Publié dans , le 5 octobre 2022

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