Voici une série de 9 podcasts de 5 minutes (dont le texte se trouve écrit aussi juste après), pour méditer sur le mystère de la miséricorde et approfondir le « plus grand des attributs divins ».
1er jour : L’amour fou de Dieu pour nous
A partir de la parabole de l’Enfant Prodigue (Lc 15, 11-31)
Dans la parabole de l’Enfant prodigue, que nous connaissons bien, Dieu nous révèle la profondeur de son amour pour nous et ce qu’il nous donne. Ce texte est très connu, trop connu peut-être et on a tendance à le lire sans en voir la profondeur.
Arrêtons-nous sur une petite phrase de la deuxième partie, sur la parole du Père au fils ainé, celui qui est resté et qui s’attriste de l’accueil fait au cadet à son retour. Il fait ce reproche à son père : « Tu ne m’as jamais donné un seul chevreau pour festoyer avec mes amis ». Et son père lui répond : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ».
Cette parole est le résumé du don que Dieu nous fait par la grâce. C’est une autre manière de parler de la vie surnaturelle, de l’état de grâce, de la vie de Dieu en nous. C’est le trésor offert par Dieu à l’homme. En créant Adam et Eve en communion avec Lui, Dieu leur a dit cette parole. En venant habiter en nous le jour du baptême, Dieu nous dit cette parole.
Et si l’on remarque bien, Jésus dit cette même parole à son Père dans le discours de la Cène : « Tout ce qui est à moi est à toi, et tout ce qui est à toi est à moi » (Jn 17, 10)
Cette intimité réciproque du Père et du Fils, Dieu nous la fait partager par sa grâce : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons une demeure chez lui » (Jn 14, 17)
La première miséricorde de Dieu, c’est de nous avoir fait don de sa propre vie, de nous avoir fait rentrer dans sa propre relation trinitaire. Le bonheur du Père de la parabole, c’est de pouvoir vivre avec ses enfants, de s’entretenir avec eux, de leur partager ce qu’il est et ce qu’il a. Il leur donne tout ce qu’il a mais pour en profiter à ses côtés, et non pas loin de Lui.
Le péché a blessé cette relation, en poussant l’enfant prodigue à vivre des dons de Dieu mais loin de Dieu, ce qui n’a aucun sens. Car le bonheur n’est pas dans le fait de jouir des dons de Dieu loin de Lui, mais avec Lui, en étant présent aux côtés du Père dans sa maison.
Voilà le drame du péché originel. Voilà le drame de tout péché grave que nous pouvons commettre.
Mais la grande et bonne nouvelle de l’Evangile, c’est que Dieu nous donne la possibilité de restaurer cette alliance. Par le pardon offert, il nous donne la possibilité de réentendre cette phrase magnifique : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ».
La description de l’état lamentable de l’enfant prodigue après son départ (la faim, la solitude, la déchéance de manger la nourriture des porcs – pour un juif, c’est le pire -) montre la conséquence du péché.
Et cela souligne par contraste la beauté et la dignité de notre vie chrétienne vécue dans l’intimité de Dieu.
Ce qui ressort enfin de cette parabole, c’est que nous avons été créés fils, et que même cette déchéance n’enlève pas cette dignité. Malgré notre péché, nous restons infiniment aimés de Dieu, qui fait tout pour nous faire revenir, comme nous le verrons dans les jours suivants.
Et si le péché est grave et offense réellement Dieu, c’est parce qu’il contrarie gravement le projet de Dieu sur nous. La parabole souligne que cet amour paternel demeure en montrant le Père qui guette son fils et accourt vers lui.
Aujourd’hui, en méditant cette parabole, nous pouvons demander la grâce :
- de comprendre le don de Dieu, celui de la vie d’intimité avec Lui.
- de comprendre que le péché, qui nous détourne de lui et nous coupe de cette relation, blesse le cœur de Dieu et nous détruit
Texte de sainte Faustine
Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a entendu cette parole de Jésus :
« Sache, ma fille, qu’entre moi et toi, il y a l’abîme infini qui sépare le Créateur de la créature, mais ma miséricorde comble cet abîme. Je t’élève jusqu’à moi, non par besoin de toi, mais je te fais don de la grâce de l’union avec moi uniquement par miséricorde. Dis aux âmes qu’elles ne fassent pas obstacle en leur propre cœur à ma miséricorde, qui désire tant agir en elles. Ma miséricorde est à l’œuvre dans tous les cœurs qui lui ouvrent la porte ; le pécheur comme le juste ont besoin de ma miséricorde. La conversion comme la persévérance est une grâce de ma miséricorde ». Petit Journal, n° 1576-1577
2ème jour: La joie de Dieu quand il pardonne
A partir de l’Evangile de la brebis perdue (Lc 15, 4-10)
Le péché est un refus du don de Dieu, nous l’avons vu. Et une conséquence dramatique du péché est que l’homme s’est mis à avoir peur de Dieu. « J’ai entendu ton pas dans le jardin et je me suis caché car j’ai eu peur », dit Adam après le péché originel. Quel drame ! Avoir peur de Dieu, qui est si bon. Il nous faut donc redécouvrir le visage d’amour de Dieu pour nous.
Et d’abord la joie que lui procure notre retour vers Lui. C’est montré dans la parabole de la brebis perdue. Ce point est aussi présent dans la parabole de l’enfant prodigue qui a été médité hier. Le père de la parabole soulignait qu’il fallait festoyer et se réjouir en raison du retour de l’enfant. Il était perdu, il est retrouvé. Mais dans les deux paraboles de la brebis et de la drachme perdues, c’est cet unique point qui est mis en valeur.
Dans la parabole de l’enfant prodigue, la faute du fils est soulignée : il s’en va loin de son père et il en est responsable. Ce n’est pas le cas pour la brebis ou pour la drachme. La brebis s’est égarée mais n’en est pas responsable, et la drachme encore moins. La parabole ne s’intéresse pas du tout au mouvement de conversion, mais à la joie de Dieu si nous nous convertissons.
Ce que Jésus veut souligner, c’est que l’attention de Dieu, à partir du moment où nous nous égarons, ne porte plus que sur une chose : nous retrouver. L’égarement que nous pouvons vivre par notre péché devient mystérieusement une occasion de joie dans le cœur de Dieu.
Cette joie est mystérieuse en effet. Si la parabole de la drachme nous parle de la joie parmi les anges, parlant ainsi davantage de toutes les créatures du ciel, celle de la brebis parle de la joie au ciel, ce qu’il faut comprendre comme la joie dans le cœur de Dieu. L’Ancien Testament nous parlait déjà de cette joie de Dieu. Le prophète Sophonie dit : « L’Eternel, ton Dieu, est au milieu de toi, comme un héros qui sauve ; Il fera de toi sa plus grande joie; Il gardera le silence dans son amour; Il aura pour toi des transports d’allégresse ». Dieu est loin d’être un bloc de marbre insensible à ce que peut vivre l’homme.
Mais la nouveauté de cette parabole est de parler de la joie de Dieu à l’occasion de la conversion, c’est-à-dire à l’occasion du péché. Le péché, véritable drame qui blesse profondément le cœur de Dieu, est en réalité l’occasion de procurer une joie dans le cœur de Dieu. Quand Jésus parle de la joie pour l’unique pécheur qui se convertit, ce n’est pas pour rabaisser les justes qui n’ont pas besoin de conversion, mais pour souligner que sa miséricorde peut tirer un immense bien de notre péché, et que ce bien qui fait plaisir : c’est le bien de la conversion, du retour, de l’humilité.
Le péché à commettre doit donc être haï car il blesse le cœur de Dieu. Mais le péché commis doit être vu comme une « chance » car il donne l’occasion du retour à Dieu, retour qui provoque une joie dans le cœur de Dieu. Nous sommes ici devant une spécificité de l’Evangile : si Dieu ne l’avait pas révélé, jamais nous n’aurions pu penser procurer une joie immense à Dieu après notre péché.
La première conversion du regard pour ne plus avoir peur de Dieu, c’est de comprendre sa joie dès que nous revenons vers Lui. Et plus nous revenons de loin, plus il jubile.
Aujourd’hui, en méditant cette parabole, nous pouvons demander la grâce :
- de croire à cette joie de Dieu quand nous regrettons notre péché.
- d’aller nous confesser avec le désir non seulement d’être pardonnés, mais pour faire plaisir à Dieu.
Texte de sainte Faustine
Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a entendu cette parole de Jésus :
« C’est ici qu’agit la Toute-Puissance de Ma Miséricorde ! Heureuse l’âme qui profite de cette grâce. Quelle immense joie emplit Mon Cœur lorsque tu reviens vers Moi. Je te vois si faible, c’est pourquoi Je te prends dans Mes bras et Je te porte à la Maison de Mon Père ». Petit Journal, n. 1486
3ème jour: L’amour gratuit de Dieu pour nous
À partir de la parabole des ouvriers de la onzième heure (Mt 20, 1-16)
Le deuxième trait du visage miséricordieux de Dieu est la gratuité de son amour.
La parabole des ouvriers de la onzième heure le souligne de manière toute spéciale. Il s’agit de cette parabole où des ouvriers qui ont travaillé depuis de le début de la journée sont payés autant que ceux qui ont travaillé juste la dernière heure. Chacun reçoit un denier.
Cette parabole veut illustrer une phrase du Christ qu’il dit juste avant et juste après : « Beaucoup de premiers seront les derniers et beaucoup de derniers seront les premiers ».
Quel est le message de cette affirmation ? Que le plan de Dieu dépasse le simple cadre de la justice humaine. Dans l’ordre de la justice, on sert d’abord les premiers arrivés, puis les seconds. Jésus va aller encore plus loin dans la parabole, qui souligne en plusieurs points la gratuité de l’amour de Dieu : quand Dieu nous donne, nous redonne, nous pardonne, il ne compte pas, il de cherche pas à être équitable mais il fait largesse.
Ce que Dieu nous révèle, c’est que son amour est inégalitaire. Si l’on s’en tenait à la stricte justice, le raisonnement du Maître resterait discutable : certes, il l’a observée dans son contrat avec les ouvriers de la première heure ; à coup sûr aussi, il est libre de donner à qui lui plaît ! Mais la situation est apparemment injuste précisément parce que l’employeur a décidé arbitrairement de traiter certains ouvriers selon leur droit, et d’autres selon sa générosité à Lui.
On peut se dire intérieurement : « S’il veut être généreux pour les uns, qu’il le soit pour tous ; s’il veut s’en tenir à la loi pour les uns, qu’il s’en tienne à la loi pour tous ».
Pourtant, c’est justement en raison de son cœur miséricordieux que Dieu ne raisonne pas ainsi, parce qu’il a un cœur large, qui donne au-delà du mérite.
« N’ai-je pas le droit de faire de mon bien ce qu’il me plait » ? demande le maitre. Le terme utilisé est le droit, terme qui est de l’ordre de la justice. Le Seigneur souligne qu’en lui, la justice est miséricordieuse.
Il nous faut avouer que notre sens de la justice en est blessé. On a du mal à accueillir cette inégalité, qui ne nous enlève rien, certes, mais qui ne nous donne pas plus que les autres. Nous avons, comme les ouvriers de la première heure, tendance à avoir l’œil mauvais, l’œil jaloux. De la même manière que nous avions eu tendance à ne pas comprendre la joie du père de la parabole de l’enfant prodigue devant le retour du cadet.
L’enfant prodigue n’avait pas droit au pardon de son père, pas droit à revenir dans la maison du père comme un fils. Il s’attendait d’ailleurs à être traité comme un serviteur, mais plus comme un fils. Mais son Père est bon, avec largesse, et il n’a pas voulu traiter son fils selon ce qu’il méritait, mais selon sa bonté. Voilà la gratuité du Père.
Pourtant, dans la parole des ouvriers de la 11e heure, la gratuité du maitre est soulignée même pour les premiers ouvriers. Car c’est bien le maitre qui est sorti pour embaucher. La première démarche vient du maitre. Cela souligne que dans le don de la grâce, la première démarche vient de Dieu, même pour celui qui est fidèle depuis le début. Il ne faut pas oublier que « tout est grâce », tout est gratuit, même le fait d’être fidèle dès le début.
Et si nous sommes tentés de préférer être des ouvriers de la onzième heure, c’est que nous oublions que nous avons été créés pour vivre avec Dieu, dans sa vigne, dès le début. Nous devons toujours avoir en tête l’enseignement fondamental de la parabole de l’enfant prodigue, à savoir que rester avec le père sans s’éloigner nous permet d’avoir part à l’héritage du père, d’en vivre, et d’entendre le Père nous dire « Toi mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi ».
Aujourd’hui, en méditant cette parabole, nous pouvons demander la grâce :
- d’expérimenter la gratuité de l’amour de Dieu pour nous, au-delà de tous nos mérites et aussi de tous nos péchés.
- de rendre grâces infiniment pour cet amour que nous ne méritons pas.
Texte de sainte Faustine
Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a entendu cette parole de Jésus :
« Agis comme un mendiant qui ne refuse pas d’accepter une plus grande aumône, il remercie seulement plus affectueusement. Ainsi ne refuse pas d’accepter, à cause de ton indignité, de plus grandes grâces lorsque Je te les donne. Je sais que tu en es indigne. Mais réjouis-toi plutôt et prends autant de trésors de Mon Cœur que tu peux en porter. C’est ainsi que tu Me plais davantage ». Petit Journal, n° 294.
4ème jour: Dieu à la recherche du pécheur
À partir du récit de Jésus et Zachée (Lc 19, 1-10)
Ce n’est plus une parabole mais un évènement de la vie du Christ qui nous permet de contempler le visage du Père. Cet épisode, c’est le récit de Zachée, qui descend de son arbre pour accueillir Jésus chez lui.
St Luc conclut son récit en disant : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Là encore, le lien avec la parabole de l’Enfant prodigue est limpide. Dieu est un Père qui nous attend et vient à notre recherche.
Mais ce que l’évangile révèle, c’est comment Dieu vient nous chercher. Derrière cet évangile concret et plein de détails, je vous propose de vous mettre à la place de Zachée pour contempler Jésus.
Zachée est publicain, catégorie qui représente par excellence le pécheur. Il est de petite taille, ce que les pères de l’Eglise ont souvent interprété comme un signe de sa misère spirituelle et morale. De plus, il est fort riche. Quand on met en parallèle les menaces de Jésus sur le danger des richesses, on peut voir en Zachée un homme totalement abîmé par son péché et enchaîné à lui.
La démarche initiale de Zachée est purement humaine. Il cherche à voir Jésus, sans doute par curiosité. L’épisode de Zachée est précédé par la guérison spectaculaire de l’aveugle Bartimée qui a dû avoir du retentissement. On parle des miracles de Jésus et Zachée veut voir cet homme. Il n’y a donc pas de recherche spirituelle, pas de désir de conversion. Cependant, il y a quand même un effort qui est produit, puisqu’il court et monte. S’il est pécheur, il n’est pas blasé. La miséricorde divine vient s’appuyer sur ce petit rien qui est présent dans son cœur et qui pousse Zachée aller vers Jésus.
Zachée n’a donc pas fait grand-chose et c’est Jésus qui prend l’initiative principale : il lève les yeux, dit l’Evangile, et parle à Zachée. Il regarde donc Zachée. Le regard de Jésus est très important : c’est un regard qui ne condamne pas, qui sait voir plus profond que la misère que nous portons. C’est ce regard que Jésus porte sur le jeune homme riche, qu’il porte aussi sur saint Pierre. Nous jugeons souvent sur l’extérieur, Jésus voit l’intérieur sans réduire Zachée à son péché.
Toute la phrase de Jésus est importante et belle. « Zachée, descend vite, il me faut aujourd’hui demeurer chez toi ».
« Zachée » : Dieu nous connaît par notre nom. Nous sommes uniques, connus de toute éternité.
« Il me faut » : on retrouve la nécessité de l’amour qui presse Dieu, comme dans la nécessité de la fête à l’occasion du retour de l’enfant prodigue. Dieu n’est pas en soi obligé, la miséricorde est gratuite.
« Aujourd’hui » : c’est amour est pressant, Dieu veut nous transformer le plus vite possible. « Demeurer chez toi ». Ce que Dieu veut c’est cette communion intime avec l’homme.
« Descends vite » : Jésus demande une réponse de notre part. La miséricorde de Dieu nous propose sans cesse son amour sans nous l’imposer. On voit le lien subtil entre l’initiative divine qui donne et la liberté de l’homme qui doit accueillir.
La réponse de Zachée, sans parole mais en acte, reprend exactement l’appel de Jésus : « Vite, il descendit et il le reçut avec joie », d’abord. Zachée ouvre sa porte, et Jésus reprend l’initiative en allant chez lui pour le transformer totalement. On voit comment la simple présence de Jésus chez Zachée apporte lumière et force à cet ancien pécheur : lumière pour reconnaître son péché : il est voleur. Et force : je dois changer et rembourser.
« Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » : l’épisode de Zachée en est l’illustration exacte. Il faut nous reconnaître dans la personne de Zachée et demander la grâce de la docilité à l’Esprit-Saint qui nous invite à accueillir l’amour de Dieu pour demeurer en nous.
Aujourd’hui, en méditant ce récit, nous pouvons demander la grâce :
- reconnaitre que nous avons besoin que Jésus vienne nous chercher et nous sauver
- décider d’ouvrir notre cœur à sa lumière pour qu’il entre davantage dans notre cœur.
Texte de sainte Faustine
Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a entendu cette parole de Jésus :
« Ecris : Je suis trois fois saint et j’ai dégoût pour le plus petit péché. Je ne peux aimer une âme souillée par le péché, mais lorsqu’elle se repent, il n’y a pas de limites à la largesse que j’ai envers elle. Ma miséricorde l’enveloppe et la justifie. Je poursuis de ma miséricorde les pécheurs sur tous leurs chemins et mon cœur se réjouit quand ils reviennent à moi. J’oublie les amertumes dont ils abreuvent mon cœur, et je me réjouis de leur retour ». Petit Journal, n°1728
5ème jour: La miséricorde reconstruit
À partir du triple acte d’amour de saint Pierre (Jn 21, 15-17)
La miséricorde de Dieu qui nous pardonne n’est pas seulement un amour qui jette un voile sur notre péché comme si nous demeurions abîmés ou mauvais.
Dieu n’oublie pas simplement notre péché, il le purifie, il transforme notre cœur. Il nous restaure. Quand Jésus miséricordieux apparaît à sainte Faustine et lui demande de peindre le tableau le représentant, il est ressuscité. Ses stigmates sont apparents, il montre les rayons qui partent de son cœur, mais c’est bien victorieux de la mort qu’il apparaît.
La miséricorde non seulement pardonne mais reconstruit, ressuscite ce qui avait été détruit. La personne qui se laisse toucher par la miséricorde vit une forme de résurrection.
L’épisode du reniement de saint Pierre et celui de son triple acte d’amour après la résurrection illustre cette restauration. Le contexte du reniement souligne particulièrement la profondeur de la faute. Trois éléments le disent.
Il s’agit d’abord du reniement d’un ami. « Celui qui aura rougi de moi et de mes paroles, de celui-là le Fils de l’homme rougira, lorsqu’il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges » (Lc 9, 26). Le Seigneur souligne par ces mots qu’un des plus beaux actes d’amour est de professer son nom. Et par conséquent qu’un des plus grands péchés est de renier ce même nom.
Ensuite, ce reniement a été prophétisé : « Je te le dis, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd’hui que tu n’aies, par trois fois, nié me connaître. » (Lc 22, 34) Saint Pierre a donc été prévenu et mis en garde.
Enfin, ce reniement fait suite à une promesse de saint Pierre, un engagement solennel. « Seigneur, je suis prêt à aller avec toi et en prison et à la mort. » (Lc 22, 33).
Tout est donc précisé pour souligner que le péché de saint Pierre était grave et a dû le briser intérieurement. C’est pourquoi saint Luc nous dit qu’il pleura amèrement. Ces larmes d’amertume pourraient être celle du remord et de la culpabilité. Elles seront celles de la reconstruction.
Saint Luc précise bien que ces larmes font suite à un regard de Jésus (« Et Jésus, se retournant, le regarda »). Le même regard qui s’est posé sur Zachée monté sur son arbre ou sur le jeune homme riche. Le regard de la miséricorde qui n’enfonce pas mais révèle au cœur de chacun à quel point nous sommes faibles et petits.
Les pleurs de saint Pierre sont donc déjà des pleurs de repentir qui s’ouvrent au pardon du Christ. C’est pourquoi saint Pierre ne finit pas comme Juda : il va reprendre sa place avec les autres Apôtres.
Et c’est dans ce contexte qu’a lieu le dialogue entre Jésus et saint Pierre sur les bords du lac de Tibériade. Si Jésus demande par trois fois à saint Pierre s’il l’aime, ce n’est pas qu’il doute de sa réponse, mais c’est d’abord pour lui montrer que son triple reniement est réparé.
Il aurait pu lui dire : « Je te pardonne, mais la mission de chef de l’Eglise, je la donne à quelqu’un d’autre, tu n’as été fiable, tu es marqué à vie par cela ».
Au contraire, par trois fois, il le confirme dans sa mission : « Fais paître mes brebis », c’est-à-dire sois le guide de mon troupeau, signe que son amour l’a reconstruit.
Saint Jean-Paul II dit magnifiquement : « La miséricorde se manifeste dans son aspect propre et véritable quand elle revalorise, quand elle promeut, et quand elle tire le bien de toutes les formes de mal qui existent dans le monde et dans l’Homme ».
Nous pouvons parfois penser que la mémoire de notre péché, de notre indignité passée reste dans le cœur de Dieu. Dieu nous verrait comme quelqu’un qui a trahi son amour. Il faut au contraire croire que le pardon donné par le Seigneur nous donne la possibilité réelle de dire en toute vérité au Seigneur : « Tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ».
Aujourd’hui, en méditant ce passage, nous pouvons demander la grâce :
- de croire à la puissance réparatrice de l’amour de Dieu pour nous.
- de présenter à Dieu tout ce qui est blessé ou abîmé en nous pour qu’il le restaure.
Texte de sainte Faustine
Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a entendu cette parole de Jésus :
« Dis aux âmes qu’elles doivent chercher consolation au Tribunal de la Miséricorde. C’est là que se réalisent et se renouvellent sans cesse les plus grands miracles. Point n’est besoin, pour obtenir ce miracle de faire de lointains pèlerinages, ni de faire étalage d’un quelconque cérémonial ; il suffit de se jeter avec foi aux pieds de Mon représentant, de lui dire sa misère et le miracle de la Miséricorde divine se manifestera dans toute son ampleur. Même si cette âme était déjà comme un cadavre en décomposition, et même si humainement parlant il n’y avait plus aucun espoir de réanimation, même si tout semblait perdu, il n’en est pas ainsi, avec Dieu : le miracle de la Miséricorde divine restaurera cette âme dans toute son intégrité ». Petit Journal, n° 1448
6ème jour: Reconnaitre avec confiance ses fautes
À partir du récit de Jésus et sainte Marie-Madeleine (Lc 7, 36-50)
Nous avons vu que le péché entraîne une peur de Dieu, nous faisant oublier qu’il est infiniment miséricordieux. Voilà pourquoi il fallait contempler le visage du Père, infiniment miséricordieux, plus grand que notre péché.
C’est le seul moyen de grandir dans la confiance et de recevoir le pardon de Dieu. « Les grâces de ma miséricorde se puisent à l’aide d’un unique moyen, et c’est la confiance. Plus sa confiance est grande, plus l’âme reçoit », dit Jésus à sainte Faustine.
L’épisode de sainte Marie-Madeleine pardonnée par Jésus l’illustre de manière magnifique. A vrai dire, l’Evangile ne dit pas que c’est Marie-Madeleine, mais seulement une femme pécheresse. La Tradition l’a assimilée à sainte Marie-Madeleine.
Cette pécheresse est réputée dans la ville. Et les pharisiens la réduisent d’ailleurs à son péché : si Jésus était prophète il connaîtrait qui est cette femme et ce qu’elle est, une pécheresse.
D’où va venir le salut pour cette femme ? De la confiance qu’elle a de présenter son péché devant Jésus. Elle ne cherche pas à le minimiser, à le cacher : elle est pécheresse et vient ainsi à Jésus. Et alors que tous attendent que cette mise en lumière du péché aboutisse à une condamnation, Jésus pardonne. Et il pardonne d’autant plus largement que la confiance amoureuse de Marie-Madeleine a été grande. « Ses péchés, ses nombreux péchés, lui sont remis parce qu’elle a montré beaucoup d’amour » dit Jésus.
Son grand amour, c’est d’avoir osé se présenter pécheresse devant Jésus sans se cacher, sans se trouver d’excuses. En un mot, c’est sa confiance au pardon de Jésus malgré la conscience de son péché.
Il faut noter qu’elle donne des signes d’amour très forts à Jésus alors qu’elle n’est pas encore pardonnée. Elle lui nettoie les pieds, elle les couvre de baisers et les parfume. C’est un amour qui ose s’approcher de Jésus et de le toucher.
Ce n’est qu’après, à la fin de l’épisode, qu’elle entendra la parole de pardon de Jésus : « Tes péchés sont pardonnés ». Et le motif : « Ta foi t’a sauvé », autrement dit ta confiance en moi, malgré ton indignité.
Il y a deux manières de manquer de confiance en la miséricorde de Dieu. Soit douter du pardon de Dieu, soit penser qu’on n’est pas vraiment pécheur.
On voit comme il est difficile d’accepter son péché. Le drame d’Adam et Eve est d’avoir refusé de reconnaître leur péché : « Ce n’est pas moi, c’est Eve », dit Adam. « Ce n’est pas moi, c’est le serpent », dit Eve. Comme on se retrouve dans cette attitude, nous qui sommes tellement prompts à nous trouver des excuses à nos péchés au lieu de dire : c’est mon péché.
« Qui s’avise de ses faux pas ? Purifie-moi du mal caché », dit le psaume 19, (v.13-14). C’est le manque de confiance en Dieu qui nous pousse à minimiser nos fautes. Et au contraire, c’est sa confiance immense dans la bonté de Jésus qui a poussé sainte Marie-Madeleine à présenter son péché devant Jésus pour obtenir le pardon.
Si nous attendons d’être sans péché pour oser nous présenter devant Dieu, nous pourrons attendre longtemps.
N’est-ce pas un peu facile ? Ne risque-t-on pas de s’habituer à son péché et d’abuser de la miséricorde ainsi ? Non, dit Jésus. Au contraire, l’aveu des péchés entraîne le pardon, et mystérieusement le pardon fait augmenter notre amour : « Celui à qui on pardonne peu, aime peu », dit Jésus dans cet évangile. Et de fait, quelle ardeur dans l’amour de sainte Marie-Madeleine, qui sera la seule à suivre Jésus partout, jusqu’à la croix et au tombeau.
Aujourd’hui, en méditant ce passage, nous pouvons demander la grâce :
- de reconnaître avec confiance notre péché
- et surtout de découvrir que cela devient source pour nous d’un plus grand amour de Dieu.
Texte de sainte Faustine
Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a entendu cette parole de Jésus :
« Les grâces que Je t’accorde ne sont pas seulement pour toi, mais pour un grand nombre d’âmes… et ton cœur est Ma demeure perpétuelle. Malgré ta misère, Je m’unis à toi. Je prends ta misère et Je te donne Ma miséricorde. En chaque âme, J’accomplis l’acte de Ma miséricorde et plus le pécheur est grand, plus il a droit à Ma miséricorde. Sur chaque œuvre de Mes mains est gravée Ma miséricorde. Qui a confiance en elle ne périra pas, car toutes ses affaires sont à Moi et ses ennemis se briseront à Mes pieds ». Petit Journal n°723
7ème jour: Faire confiance jusqu’au bout
À partir du récit deJésus et du Bon Larron (Lc 23, 33-43)
L’épisode magnifique et consolant du Bon Larron permet une méditation sur la confiance et la bonne crainte du jugement. La confiance dans la miséricorde, que nous avons méditée hier, suppose une certaine crainte, une certaine peur, celle du jugement. Ne pas prendre conscience de l’enjeu du jugement, c’est aussi ne pas vraiment avoir confiance, et c’est donc ne pas comprendre le sens de la miséricorde. Il faut avoir d’une certaine manière le courage d’avoir peur.
Qu’est-ce que ce courage ? Je laisse parler un auteur : « Si nous n’acceptons pas d’avouer qu’en un sens notre salut éternel n’est pas assuré, c’est que nous refusons d’avoir confiance. S’il est devenu presque impossible de parler de l’enfer aux chrétiens, ce n’est pas parce qu’ils ont peur, mais parce qu’ils ne veulent pas avoir peur. Ils ne peuvent plus supporter ce dogme parce qu’ils n’ont plus confiance : s’ils croyaient à l’enfer, n’ayant pas confiance, ils seraient perdus. Ce que j’appelle le courage d’avoir peur, c’est le courage de croire à l’enfer. Et je dis que le refus de ce courage est un refus d’avoir confiance, et donc un très grand danger d’y aller ». (Père Molinié, Le courage d’avoir peur, ch. 13)
L’enfer existe et chacun de nous court le risque d’y aller. Si l’Eglise n’a jamais affirmé que tel ou tel était en enfer, elle affirme de manière constante que c’est bien une possibilité réelle d’y aller si nous ne nous appuyons pas sur la miséricorde. Nous ne devons pas vider la miséricorde de son contenu en oubliant l’enjeu : notre salut ou notre condamnation éternelle.
Quelle a été la force du Bon Larron ? C’est de comprendre que son salut éternel était en jeu. Il a compris que Jésus pouvait ouvrir les portes du pardon et qu’il fallait accueillir ce pardon. Mais il aurait pu se dire : « Cet homme parle de pardon, il le pardonne à tous. Il doit être généreux en miséricorde et je ne risque pas grand-chose. Si Dieu est miséricordieux, alors je suis sauvé à coup sûr ». Laissons encore parler notre auteur : « Ce raisonnement évacue la miséricorde au nom même de la miséricorde. Au lieu de s’appuyer sur elle pour l’invoquer, on s’appuie sur elle pour ne pas l’invoquer. On dit à Dieu : « Il parait que vous êtes miséricordieux, alors attention, hein, ne me parlez pas d’enfer éternel – sinon votre miséricorde, je n’y crois pas » ». (Père Molinié, Le courage d’avoir peur, ch. 13)
Le Bon Larron nous rappelle que la confiance en la miséricorde doit s’exprimer clairement et humblement dans la reconnaissance qu’on a besoin d’être pardonné pour être sauvé, et qu’il faut demander ce pardon. Si le Bon Larron dit « Souviens toi de moi », c’est qu’il sait au plus profond de lui que si Jésus ne se souvient pas de lui, il est perdu.
Peu importe le poids des péchés pour lesquels on demande pardon : le Bon Larron était un criminel. Et le seul péché qui ne peut être remis ni dans ce monde ni dans l’autre, c’est le péché contre l’Esprit-Saint (Mt 12, 31), qui consiste justement à ne pas croire en la miséricorde, à ne pas vouloir jusqu’au bout se convertir.
Peu importe le moment où l’on demande pardon : le Bon Larron s’est repenti au dernier instant. Et il a été autant purifié par la miséricorde que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui n’a jamais commis de péché grave. Ce qui compte, c’est l’intensité de la confiance. Et cette intensité vient de la conscience qu’on a que notre salut dépend de cet acte de confiance.
La vie repose sur une double alternative : ou faire confiance en la miséricorde et être touché par la miséricorde, ou bien refuser par mépris ou désespérance la miséricorde, et c’est la mort éternelle. Etre sauvé est une affaire simple : il suffit de faire confiance. Cette confiance nous fait demander pardon pour nos péchés graves dès qu’on y tombe. Et peu à peu elle nous fait éviter ces péchés.
Aujourd’hui, en méditant cette parabole, nous pouvons demander la grâce d’avoir une vraie confiance, qui est consciente de l’enjeu de la vie éternelle et qui s’appuie entièrement sur la miséricorde.
Texte de sainte Faustine
Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a entendu cette parole de Jésus :
« Que les plus grands pécheurs mettent leur espoir en Ma Miséricorde. Ils ont droit avant tous les autres, à la foi en l’abîme de Ma Miséricorde. Ma fille, ne cesse pas d’écrire au sujet de Ma Miséricorde, pour les âmes tourmentées. Quelle joie me font les âmes qui s’adressent à Ma Miséricorde. A de telles âmes, J’accorde des grâces bien au dessus de leurs désirs. Je ne peux sévir, même contre le plus grand pécheur s’il invoque Ma pitié. Mais au contraire, Je l’excuse en Mon insondable et inconcevable Miséricorde. Note : Avant de Me montrer au Jugement dernier comme Juge équitable, J’ouvre d’abord toutes grandes les portes de Ma Miséricorde. Qui ne veut passer par les portes de Ma Miséricorde, doit passer par les portes de Ma justice. » Petit Journal, n° 1145
8ème jour: L’humilité attire le regard de Dieu
À partir de la parabole du pharisien et publicain (Lc 18, 9-14)
Avec la parabole du publicain et du pharisien, on peut penser que Jésus s’adresse directement adressée aux pharisiens, pour mettre en lumière leur manque d’humilité. Pourtant le début de la parabole ne dit pas qu’il s’adresse aux pharisiens, mais à ceux qui se flattaient d’être juste.
Voilà qui est plus large, et qui nous englobe tous. Qui d’entre nous, sur tel ou tel point, ne se dit pas qu’il est juste et meilleur que les autres, ou qu’il n’a pas besoin de conversion. Qui d’entre nous, par exemple, n’est pas tenté de se dire en lisant cette parabole : « Je te rends grâce, Seigneur, de ce que je ne suis pas comme ce pharisien qui ne sait pas reconnaitre qu’il est pécheur ». Il faut bien avouer qu’on est peut-être prêt à reconnaitre qu’on a tous les péchés, mais pas celui du pharisien. Pourtant, nous devons tous reconnaitre qu’il y a un pharisien qui sommeille en nous.
La lecture de cet évangile devrait pourtant nous vacciner définitivement contre toute crainte de notre faiblesse et de nos chutes. Ce que dit le Seigneur, c’est que le péché peut être l’occasion de poser un acte qui va attirer sur nous la justification. Non pas un acte bon, car le péché reste une offense à Dieu, et donc qu’il faut fuir. Mais l’occasion d’un plus grand amour, comme il l’avait dit à sainte Marie-Madeleine.
Jésus dit en effet que le publicain descend chez lui « justifié », et l’autre non. Justifié est un terme très fort : c’est l’état de celui qui a été transformé par la justice de Dieu, rendu juste. Le péché a été l’occasion de vivre l’expérience d’un changement en profondeur. Alors qu’il était éloigné de Dieu par son péché, il s’est retrouvé juste après avoir confessé son péché.
Cette parabole est tellement forte qu’on a du mal à l’accueillir. Elle nous révèle pourtant la chance du pécheur, ou le côté « positif » du péché. Non pas, encore une fois, du péché en lui-même, mais de ce que le péché peut permettre, à savoir un acte d’humilité profond. Et c’est cette humilité qui distingue les deux personnes de la parabole. C’est cette humilité qui va attirer la justification de Dieu dans le cœur du publicain et au contraire fermer le cœur du pharisien à la grâce.
Le péché est donc une « chance » car il pousse à l’humilité, il contraint le pécheur qui se sait pécheur à n’avoir recourt qu’à la miséricorde. Le pharisien pense pouvoir présenter ses œuvres à lui, et oublie que tout ce qu’il possède de bon vient de Dieu. Le publicain sait que ses œuvres ne lui méritent que la condamnation et il invoque de la part de Dieu le pardon. C’est justement cette dernière attitude que Dieu recherche en nous.
« Le Seigneur aime tellement l’humilité, dit le bienheureux Jean-Paul Ier, que, parfois, il permet des péchés graves. Pourquoi ? parce que ceux qui les ont commis, ces péchés, après, lorsqu’ils se sont repentis, ils restent humbles. On n’a pas envie de se croire un demi-saint ou un demi-ange quand on sait qu’on a commis des fautes graves ».
L’humilité et la confiance sont donc profondément liées à la miséricorde. L’humilité nous pousse à reconnaitre que nous sommes pécheurs et avons besoin du pardon de Dieu. La confiance pousse à croire que Dieu donne de manière certaine ce pardon, parce qu’il l’a promis.
Cette parabole doit donc nous aider à regarder différemment notre péché : avec humilité, car il a réellement blessé le cœur de Dieu, mais aussi avec confiance, car nous sommes certains qu’il sera pardonné si nous le présentons tout simplement à Dieu.
Aujourd’hui, en méditant cette parabole, nous pouvons demander la grâce :
- de détester le péché à commettre.
- de voir dans le péché commis une occasion de grandir en humilité, et d’attirer davantage le regard de Dieu.
Texte de sainte Faustine
Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a écrit :
« Oh ! Qu’elle est belle, l’âme pleine d’humilité. Du cœur plein d’humilité monte, comme d’un encensoir, un parfum extrêmement agréable qui, à travers les nues, parvient jusqu’à Dieu Lui-même, et emplit de joie son Très Saint Cœur. A cette âme, Dieu ne sait rien refuser. Elle est toute puissante. Elle influence le sort du monde entier. Dieu l’élève jusqu’à Son trône. Plus elle s’humilie, plus Dieu se penche vers elle, la suit de Ses grâces et l’accompagne à chaque moment de Sa Toute Puissance. Cette âme est très profondément unie à Dieu. O humilité, implante-toi profondément dans tout mon être. O Vierge, toute pureté, et aussi toute humilité, aidez-moi à obtenir une profonde humilité. Je comprends maintenant pourquoi il y a si peu de Saints. C’est que peu d’âmes sont vraiment et profondément humbles ». Petit Journal, n°1306
9ème jour: Devenir miséricordieux comme Dieu
À partir de la parabole du bon Samaritain (Lc 10, 25-37)
Jusqu’à présent, nous avons contemplé le visage miséricordieux de Dieu pour nous. Il n’y a pas de vie chrétienne possible sans expérience personnelle ce cette miséricorde, de cet amour gratuit, inconditionnel, qui reconstruit et qui est notre unique planche de salut.
Mais comprendre et accueillir cet amour demande ensuite de devenir miséricordieux avec les autres. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux », exige le Christ. Et il va même plus loin : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » : si nous sommes sans miséricorde pour notre prochain, Dieu nous traitera de la même manière.
Pour illustrer l’amour que nous devons avoir vis-à-vis de notre prochain, le Christ propose la parabole du Bon Samaritain. Il répondait ainsi à la question d’un docteur de la loi qui lui demandait : « Qui est mon prochain ».
Par cette parabole, Jésus nous invite d’abord à la compassion. Face à cet homme tombé aux mains des brigands, frappé, blessé et laissé à moitié mort, le Christ nous présente trois hommes, qui se retrouvent exactement dans la même situation. Par trois fois, la même expression revient : « en le voyant ». Ces trois voyageurs ont vu l’homme misérablement délaissé au bord de la route. Pour les deux premiers, l’attitude est la même : « il fit un détour et passa ». Le troisième, lui, s’arrête et s’occupe avec attention et zèle du blessé.
Où a-t-il trouvé la force de lui venir en aide ? Dans le regard qu’il a su porter sur lui. « Un Samaritain en voyage arriva près de lui. Et en le voyant, il eut pitié de lui ». Il l’a regardé, comme les deux autres, mais lui en a eu pitié. Traduction un peu pauvre. Dans toute sa profondeur, ce verbe veut dire : « être remué dans ses entrailles, être ému de compassion ». Ce qui a poussé le Samaritain à s’arrêter, c’est la compassion. La même compassion que Dieu a sur notre misère, nous devons l’avoir sur la misère du prochain.
Ensuite la parabole nous invite à devenir le prochain de celui qui ne l’est pas naturellement. La question que pose Jésus au docteur de la loi est étonnante. Il ne lui dit pas : « Qui a compris que l’homme tombé aux mains des brigands était son prochain ? », mais « Lequel de ces trois s’est montré le prochain de l’homme ? ». Il ne faut donc pas attendre que le prochain se présente à nous, mais véritablement chercher à s’en rapprocher.
Naturellement, la misère du prochain, sous toutes ses formes, nous éloigne : nous fuyons les personnes qui nous ont fait du mal, qui sont perturbées psychologiquement, qui sont marginales… Jésus nous invite à faire le mouvement contraire et à nous en rapprocher pour atteindre une grande proximité avec eux.
Si Dieu peut nous poser cette exigence, c’est qu’il a lui-même montré l’exemple : il s’est fait notre prochain par l’Incarnation, alors que nous nous étions coupés de Lui. Le Bon Samaritain, c’est d’abord le Christ lui-même.
Un dernier aspect de la miséricorde que nous devons appliquer aux autres est le soin à leur apporter. Le samaritain de la parabole, descend de sa monture pour y mettre le blessé, il le soigne en lui bandant ses plaies, en lui mettant huile et vin qui lui appartiennent. Et il a le souci que cet homme puisse avoir tout ce qu’il faut pour retrouver la pleine santé. L’amour miséricordieux demande la persévérance dans le soutien que l’on doit apporter aux autres. Quelque soit l’attitude de miséricorde que l’on fait à l’autre (acte, parole, prière), il ne faut jamais le faire « pour s’en débarrasser » mais dans le souci d’aider le prochain à se reconstruire.
Au terme de ces 9 jours, nous avons pu ressentir le regard d’amour de Dieu sur nous. Nous pourrons voir que cela nous a convertis non seulement si nous avons grandi dans la confiance en Dieu, mais aussi si cela nous a fait devenir miséricordieux avec notre prochain.
Aujourd’hui, en méditant cette parabole, nous pouvons demander la grâce d’être transformés par Dieu, pour qu’à force de contempler sa miséricorde pour nous, nous puissions devenir miséricordieux comme Lui
Texte de sainte Faustine
Confions cette demande à l’intercession de sainte Faustine qui a entendu cette parole de Jésus :
« Ma fille, si par toi, J’exige des gens le culte de Ma miséricorde, toi la première, tu dois te distinguer par cette confiance en Ma miséricorde. J’exige de toi des actes de miséricorde qui doivent découler de ton amour pour Moi. Tu dois témoigner aux autres la miséricorde, toujours et partout. Tu ne peux pas t’en écarter, ni t’excuser, ni te justifier. Je te suggère trois moyens pour exercer la miséricorde envers le prochain :
Le premier c’est l’action. Le second, la Parole. Le troisième, la prière.
Ces trois degrés renferment la plénitude de la miséricorde. Voilà la preuve irréfutable de l’amour envers Moi. De cette manière, l’âme glorifie et honore Ma miséricorde. Oui, le premier dimanche après Pâques, est la fête de la Miséricorde, mais il doit y avoir aussi l’action ». Petit Journal n°742