Au milieu des louanges sonores et des danses modernes, il fallait proposer un chemin d’intériorité pour bien vivre ces JMJ de Lisbonne. Quel serait le bon angle d’attaque, l’expérience originale et atypique que nous pourrions offrir ? C’est en lisant le pape François que l’idée nous est venue. En effet, il y a quelques années le saint-Père s’adressait aux jeunes dans sa lettre Christus Vivit et il leur proposait quelques figures de sainteté. Parmi elles, de manière inattendue, se glissait sainte Jehanne d’Arc. Écoutons le pape : « Le cœur de l’Église est riche de jeunes saints qui ont offert leur vie pour le Christ, et pour beaucoup en allant jusqu’au martyre. Ils ont été de précieux reflets du Christ jeune qui brillent pour nous stimuler et pour nous sortir du sommeil. [Ils] nous ont laissé le témoignage d’une autre manière de vivre la jeunesse. […] Sainte Jehanne d’Arc est née en 1412. C’était une jeune paysanne qui, malgré son jeune âge, a lutté pour défendre la France contre les envahisseurs. Incomprise à cause de sa manière d’être et de vivre la foi, elle est morte sur le bûcher » (Christus Vivit, n° 49-50 ; 53).
À Lisbonne avec l’anneau de la sainte, son unique relique
Quel génie ! Proposer sainte Jehanne d’Arc à notre jeunesse en manque de repères ! L’évidence nous saute aux yeux : voilà cette belle figure féminine qui se joue des luttes de pouvoirs, qui résiste aux clercs trop sûrs d’eux, qui se met au service des gens simples et de l’ordre social juste : tant de similitudes avec notre temps ! Et puis, comme la Vierge Marie dans le thème de ces JMJ, Jehanne « partit en hâte » avec la promptitude de ceux qui sont mus par la charité. Jehanne à Lisbonne parmi les jeunes, cela avait donc du sens.
Avec l’aimable autorisation du Puy de Fou et au prix d’un lourd dispositif de sécurité, l’anneau de la sainte, son unique relique, nous a accompagnés. Et il a été vénéré par plus de 6 000 jeunes de tous pays qui ont attendu parfois de longues heures pour présenter à la sainte leurs intentions, leurs préoccupations.
Pour inviter à vénérer l’anneau, il nous a paru important de tou- cher au préalable les cœurs en jouant des « mystères du Moyen âge », sorte de grandes fresques théâtrales et musicales sur le parvis de l’église. Cette pièce retraçait l’histoire de l’alliance entre Dieu et les hommes tout au long de l’histoire du salut, mettant en scène de grandes figures comme le roi David, saint Jean Baptiste, la sainte Vierge, sainte Jehanne d’Arc, sœur Lucie, Jean-Paul II et mère Térésa. En jouant sur la poésie, le rêve, le chant, la joie et la profondeur, nous avons offert aux 3 000 spectateurs de cette pièce un moment intemporel de contemplation et d’intériorité, Deo gratias !
Abbé Matthieu Bévillard +