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Au cœur de l’été, dans une Assemblée quasiment vide, les députés ont voté la loi qui ouvre la PMA à toutes les femmes. Un cap est franchi, puisqu’il ne s’agit même plus de soigner une pathologie, mais d’utiliser la technique pour réaliser un désir humain.

Une conception philosophique sous-tend toutes ces décisions : l’homme est un être libre et si le progrès technique lui ouvre de nouvelles possibilités, celles-ci ne doivent pas être restreintes tant qu’elles ne s’opposent pas à la liberté d’autrui. Tout ce qui semble être une limite – et la réalité biologique en est une – apparaît comme un carcan dont il faut se libérer.

Une saine anthropologie voit l’homme comme un être dont la liberté s’exprime à travers une nature reçue par Dieu. L’homme est limité, car il est créé et la sagesse n’est pas de chercher à éliminer cette limite, mais à l’accueillir avec humilité. Être limité n’est pas une marque d’imperfection, mais est signe de notre état de créature dépendante de Dieu. Nous vivons les conséquences d’un monde qui refuse l’existence de Dieu comme créateur dont nous dépendons. Et il y a fort à craindre, hélas, que cette loi sur la PMA ouvre à la GPA, à l’eugénisme et finalement à la conception d’êtres humains indépendamment de toute forme d’amour humain.

Que pouvons-nous faire ? Il est d’abord urgent de se former, d’approfondir l’argumentation rationnelle qui permet de répondre à ces enjeux en ne se laissant pas dominer par l’émotion et le sentiment. Les parents doivent veiller à cette dimension dans l’éducation intellectuelle de leurs enfants. Il faut ensuite soutenir, soit en s’y impliquant soit financièrement, toutes les réalités qui défendent la culture de vie. Il faut enfin reconnaître et apprécier notre dimension limitée. « Beaucoup diront qu’ils n’ont pas conscience de réaliser des actions immorales, parce que la distraction constante nous ôte le courage de nous rendre compte de la réalité d’un monde limité et fini » (Pape François, Laudato si, n° 56). Un chrétien doit aimer les limites qui nous viennent de Dieu et de sa Loi, parce que loin de restreindre notre liberté, elles lui donnent son véritable cadre.

 

Abbé Jean-Raphaël Dubrule +

Publié dans , le 24 septembre 2020

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