L’Église ne doit pas être une ONG, a dit le pape plusieurs fois au début de son pontificat. Il pensait au risque de bureaucratisation dans l’Église, mais aussi au risque de vider la prédication chrétienne de sa substance. Quel est ce trésor sans lequel l’Église devient une société semblable à beaucoup d’organismes ? Il s’agit de la grâce, cette « participation à la vie de Dieu, [qui] nous introduit dans l’intimité de la vie trinitaire » (Catéchisme de l’Église Catholique, n. 1997).
Si notre monde contemporain semble avoir perdu de vue le but de l’existence et l’ouverture à la vie éternelle, on peut entrevoir la même tendance dans la vie de l’Église. La grâce est, hélas, souvent la grande absente de la prédication chrétienne. On parle de la mission de l’Église pour la justice, la paix, la fraternité, le respect de la vie… C’est profondément juste puisque l’Église tend à promouvoir la dignité humaine. Mais c’est incomplet si on le coupe de la finalité ultime, à savoir la communication de la grâce par la foi au Christ.
Saint Jean-Paul II rappelait que « le but dernier de la mission est de faire participer à la communion qui existe entre le Père et le Fils » (Encyclique Redemptoris missio, n. 23). L’homme a été créé pour la communion avec Dieu, et l’Église ne peut se contenter d’une activité missionnaire tronquée, qui ne voudrait pas que chacun puisse recevoir la grâce et ainsi sauver son âme. L’Église ne peut se satisfaire d’un apostolat uniquement horizontal.
Benoit XVI rappelait qu’« il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ. Il n’y a rien de plus beau que de Le connaître et de communiquer aux autres l’amitié avec Lui » (homélie lors de la Messe inaugurale du Pontificat, 24 avril 2005). Et c’est par la grâce que l’on parvient à cette connaissance intime de Dieu, source de la vraie joie.
Que notre prière soit plus fervente pour l’Église, afin qu’elle ne s’affadisse pas. Et que notre désir missionnaire grandisse toujours pour faire connaître au monde les trésors de la grâce divine.
Abbé Jean-Raphaël Dubrule