Benoit XVI

La mort de Benoît XVI a été l’occasion de relire ou de découvrir ses écrits. J’en retiens deux, qui encadrent son pontificat : sa célèbre méditation au Chemin de croix du Colisée en 2005, quelques semaines avant son élection : « Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part. Et dans ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui les salissons ! »

Qu’aurait-il pu dire presque 20 ans plus tard ? L’Église est attaquée par les flots du relativisme doctrinal et des scandales moraux. Comment tenir ? Comment ne pas quitter la barque ? Le dernier paragraphe de sa dernière lettre nous donne la réponse. Elle témoigne de sa profonde espérance devant la mort :

« À l’approche de l’heure du jugement, la grâce d’être chrétien me devient toujours plus claire. Être chrétien me donne la connaissance, bien plus, l’amitié avec le juge de ma vie et me permet de traverser avec confiance la porte obscure de la mort. À ce propos, me revient sans cesse à l’esprit ce que Jean rapporte au début de l’Apocalypse: il voit le Fils de l’homme dans toute sa grandeur et tombe à ses pieds comme mort. Mais Lui, posant sur lui sa main droite, lui dit: “Ne crains pas ! C’est moi.” (cf. (Lettre du 6 février 2022)

Telle était la magnifique espérance pour son âme. Il ne nie pas la peur du passage mais la dépasse par l’adhésion totale au Christ Sauveur, en se centrant non sur ce qui inquiète mais sur la parole du Christ appelant à la confiance.

Il est possible de transposer cela à l’Eglise. Benoît XVI aimait l’Église parce qu’il la savait Épouse et Corps du Christ et donc aussi digne d’amour que le Christ. Il savait que malgré les difficultés, l’Église demeure indéfectiblement unie au Seigneur Jésus, même s’il semble dormir dans la barque (cf. Mt 8, 24). Là était son espérance.

Du haut du ciel il nous regarde avec sollicitude et continue à nous exhorter à cette espérance confiante.

Abbé Jean-Raphaël Dubrule +

Publié dans , le 1 mai 2023

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