marie

En ce mois du rosaire, rendons hommage à Notre-Dame. Parmi les vocables par lesquels nous hono­rons les nombreuses vertus de la Vierge Marie, il y a celui de Mère de Miséricorde. Il semble que c’est à saint Odon, abbé de Cluny (+942), que nous devions pour la première fois ce titre. C’est pour la nuit de Noël qu’il com­posa cette prière : « Ô Dame et Mère de Miséricorde, Vous qui, en cette nuit, avez mis au monde le Sauveur, daignez dans Votre bonté intercéder pour moi par Vos Prières […] Et puisque c’est par Vous, ma Dame, qu’il s’est manifesté au monde, que grâce à Vous aussi, je Vous prie, Il me prenne en pitié sans tarder ».

Mater Misericordiae

Comment la Vierge Marie devient-elle Mère de Miséri­corde ? À l’office des vêpres des fêtes de la Vierge, les consacrés prient l’hymne Ave Maris Stella. Ils y saluent celle qui a changé le nom d’Ève, mutans Evae nomen, en recevant l’Ave de l’ange Gabriel. Ainsi, le nom de la triste Ève – Eva en latin – a été transformé, littéralement retourné par la Miséricorde divine dans la salutation évangélique : Ave ! Je vous salue, Marie, pleine de grâce, remplie de l’amour de Dieu, c’est-à-dire débordante de la Misé­ricorde divine. Nous saluons avec l’ange Gabriel la Vierge, Mère de Miséricorde, qui a su verser l’antidote du salut sur toute l’humanité en réponse au poison de l’or­gueil que Satan avait réussi à distiller dans le coeur de la triste Ève. Nous sa­luons avec l’ange Gabriel la Vierge, Mère de Miséricorde, qui a porté dans son sein la rédemption pour l’humanité en réponse au fruit de damnation produit par la désobéissance au commandement divin de la triste Ève. Nous saluons avec l’ange Gabriel la Vierge, Mère de Miséricorde, qui accueille la vie de l’auteur de la Vie en réponse aux souffrances, à l’abat­tement et à la mort de toute l’humanité que la triste Ève a transmis. Nous saluons avec l’ange Gabriel la Vierge qui nous obtient miséricorde en réponse au péché.

Nouvelle Ève

Combien faut-il craindre la faiblesse de cette pauvre Ève, puisque nous l’avons en partage ? Faiblesse de la volonté face aux tentations, faiblesse de la détermination face à l’indécision, faiblesse de la liberté face aux chaînes de l’esclavage ! Il faut

craindre de notre faiblesse autant qu’il faut croire dans la force de la Vierge Marie. Pour­quoi la faiblesse humaine craindrait-elle de s’approcher de Marie ? Il n’y a rien de terrible en elle, il n’y a rien d’austère en elle, il n’y a rien de triste en elle : elle est bien au contraire la joie, la paix et la douceur de Dieu. Et si nous parcourons attentivement tout l’Évangile, nous ne trouverons en Marie aucun mot de re­proche, aucune parole dure, aucun jugement. Mais au contraire, nous la trouvons en toute occasion pleine de grâce et de bonté, pleine de douceur et de compassion, pleine d’atten­tion et de vigilance, remplie d’amour et de mi­séricorde. Dieu nous a donné une Mère de Mi­séricorde telle que nous n’ayons jamais rien à redouter d’elle. Parce que Marie s’est faite elle-même tout à tous, elle s’est constituée refuge des justes et des pécheurs, secours des malades pour qu’ils aient la santé, consolatrice des affligés pour qu’ils retrouvent la joie.

Femme choisie

La Vierge Marie a été choisie, aimée, choyée et prépa­rée comme aucune autre femme pour l’oeuvre de Salut attendue avec tant d’impatience par Dieu depuis le drame du Péché originel, depuis la séparation volontaire de l’homme trompé par le diable et errant honteux de son orgueil loin de Celui qui n’a jamais cessé, ne fusse qu’une seconde de l’éternité, de l’aimer. Le pape saint Jean-Paul II écrivait ainsi : « Marie est le témoin du nou­veau “commencement” et de la “création nouvelle” (cf. 2 Co 5, 17). Bien plus, elle-même, première rachetée dans l’histoire du salut, est une “création nouvelle” : elle est la “comblée de grâce”. Il est difficile de comprendre pourquoi les paroles du protévangile mettent aussi forte­ment en relief la “femme” si l’on n’admet pas qu’en elle l’Alliance nouvelle et définitive de Dieu avec l’humanité, l’Alliance dans le sang rédempteur du Christ, a son com­mencement. Elle commence avec une femme, avec la “femme”, à l’Annonciation de Nazareth » 1.

Fiat marial

Tout ce qui avait été détruit, défiguré, amoindri en l’homme par le péché originel est désormais prêt à être renouvelé et vivifié par Celui qui va pardonner tous les hommes par l’offrande de sa vie. Marie en est la mère ; elle est l’humble servante du Seigneur qui par son Fiat accueille avec confiance la volonté du Seigneur. Et Marie reconnaît la Miséricorde divine comme la princi­pale motivation de l’action salvifique de Dieu : son chant du Magnificat en témoigne. « Il est venu en aide à Israël son serviteur se souvenant de sa miséricorde selon qu’il avait annoncé à nos pères en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais » (Lc 1,54). La Mère de Misé­ricorde exulte et tressaille de joie parce qu’elle voit la Miséricorde de Dieu s’étendre sur le monde. À sa cou­sine Élisabeth, elle confiera ce grand miracle : « le Puis­sant a fait pour moi des merveilles ».

Marie, médiatrice des âmes

Ainsi, comme l’écrivait le bienheureux Henri Suso : «Es­père, aie confiance, parce que pour aimer, pour servir et louer une si grande Reine, il n’y a d’autre moyen qu’elle-même : elle est médiatrice immédiate de tous les pécheurs auprès de son Fils, et lors même que tu serais souillé de mille péchés, tu pourrais recourir à elle avec confiance. Plus on est coupable, plus il faut se confier à Marie. Ainsi donc, du courage, âme timide ! Découvre tes misères à Marie et accours avec joie au trône de ses miséricordes !»

Abbé Florent Molin

1 Lettre apostolique Mulieris dignitatem § 11, Jean-Paul II, 15 août 1988.

Publié dans , le 8 décembre 2020

PRÊTRES ET FRÈRES POUR ANNONCER LA MISÉRICORDE